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lundi 28 septembre 2020

La Protection Sociale Généralisée au Maroc: le plus complexe des projets. Article de Taoujni Saâd



Avant l'arrivée de la pandémie COVID-19, le Maroc, pays émergent à faible revenu, figurait parmi les rares pays de cette catégorie, à avoir réalisé des avancées concrètes et constantes en matière d’intégration à la mondialisation, d’investissements publics colossaux dans les infrastructures, d’industrialisation (automobile, aéronautique,...), d’écologie, de coopération Sud-Sud, de stabilité de la monnaie et des indicateurs macroéconomiques dans un environnement national, régional et mondial fortement ballotté par une série de crises polymorphes.

Une question mérite d’être posée au sujet des réformes des secteurs sociaux: où sont passées l’ingénierie financière, la méthodologie, la gestion de projets respectant les délais et les budgets, utilisées dans les grands projets d'infrastructure et les politiques sectorielles de développement économique ?  Les domaines de la santé et de l’éducation ont grand besoin de l’ingénierie de Tanger-Med, du TGV, de l'automobile, des autoroutes, du tramway, de l’énergie solaire…

Le Maroc qui a triplé son Produit Intérieur Brut (PIB) en passant de 40 à 120 milliards de Dollars entre 1999 et 2019 n'en a pas fait bénéficier les domaines de la santé et de la protection sociale. La part de l'État n'a guère dépassé les 25% des dépenses totales de la santé, elles-mêmes stagnantes et très faibles comparées à celles des pays de la zone Moyen-Orient - Afrique du Nord (MENA). Les populations bénéficiant d'une assurance maladie  représentent moins du tiers de la population, avec de fortes inégalités entre les catégories d'assurés dont certains renoncent souvent aux soins tellement le reste-à-charge est très élevé. En matière de retraite, les indicateurs sont plus mauvais, puisque moins de 20 % des actifs cotisent à un système de retraite. La pension moyenne servie par la CNSS, est inférieure à 1600 DH par mois.

Dans cet article, il est uniquement question  de la généralisation d'ici fin 2022, de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO) à la totalité de la population. Les trois autres branches de la protection sociale, dont il est question dans le discours du Trône du 29 juillet 2020 : Allocations familiales, Retraite et l'Indemnité pour Perte d'Emploi, seront abordées ultérieurement.  

Actuellement, l’AMO se subdivise en trois catégories regroupant chacune, grosso modo (les données étant incomplètes et contradictoires),  un tiers de la population en termes de bénéficiaires.

- Le régime assurantiel des travailleurs salariés,

- Le régime assurantiel des indépendants et des travailleurs non-salariés,

- Le régime "assistanciel" aux démunis (RAMED), 

Ces régimes exigent de profondes réformes légales, institutionnelles ainsi que des modes de financement et surtout de gouvernance. Ils n'ont pas les mêmes autorités de tutelle ou de régulation. Ils ne sont pas régis par la même législation. L'éparpillement des organismes gestionnaires de l'assurance maladie de base (une quarantaine, n’ayant rien en commun), qui prévalait avant la publication du Code de l'AMO en 2002, n'a pas été résolu depuis. Bien au contraire, de nouvelles institutions ont été créées, aggravant ainsi la mauvaise gouvernance institutionnelle.

Le Maroc a signé en 2018, le Protocole de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), relatif à la Couverture Sanitaire Universelle (CSU), censée remplacer notre AMO. La Banque Mondiale et l’OMS affirment que la CSU permet à elle seule de réaliser les 17 Objectifs du Développement Durable (ODD) de l’ONU. L’élément manquant au nouveau modèle de développement, tant invoqué, est l'accès à la santé et à la CSU sur une autre échelle que celle fragmentée et sous financée des aides sociales monétaires dont les effets demeurent limités. C’est le cas du Fonds d’Appui à la Cohésion Sociale  qui finance très faiblement le RAMED (1,2 en 2017 à 1,7 milliard de DH en 2020 pour 12 millions de personnes), l’aide aux personnes en situation de handicap, Tayssir (Soutien à la scolarité) et Daam (Veuves en situation de précarité), etc. 

Dans la Déclaration de Tokyo de décembre 2017, l’OMS et la Banque Mondiale ont affirmé que la CSU est techniquement et financièrement réalisable. Elle produit des rendements élevés tout au long de la vie et favorise l'emploi et la croissance économique inclusive. Elle n’est plus présentée uniquement comme un centre de coût occasionnant des pertes financières importantes. 

L’OMS préconise la généralisation du tiers payant et la réduction des dépenses des ménages (63,3% actuellement). La part à payer par les patients devrait être réduite drastiquement. Sans la CSU, des centaines de milliers de personnes s'appauvrissent en cas de maladie et perdent la possibilité de mener une vie pleine et productive. 

La généralisation de la CSU peut améliorer le pouvoir d'achat, sans entraîner nécessairement une hausse du SMIG (élément important pour les investisseurs étrangers) ou de la pression fiscale directe. 

Des financements innovants des systèmes santé sont préconisés par l’OMS, selon le principe du « pollueur-payeur » et l'objectif de sensibilisation-responsabilisation des citoyens sur les risques liés à la consommation de certains produits nocifs à la santé. Une partie des prélèvements indirects sur la consommation de ces produits pourrait ainsi être affectée au financement de la CSU : tabac, sucre et sodas (dont le lobby est très influent), diesel, téléphone mobile, alcool, produits chimiques, plastiques, etc. 

L’instauration d’un régime unique finançant un système national de santé (comme chez notre voisin espagnol) devrait assurer un panier de soins minimal contre un certain nombre de risques tels que la maladie, la maternité, les accidents, les soins préventifs, la vaccination, etc. Les maladies chroniques devraient être prises en charge à 100%.

L’institution de la notion du médecin de famille, la politique du médicament et le parcours coordonné des soins compléteraient le dispositif.

Par ailleurs, les orientations de la Banque Mondiale et du FMI restreignant le rôle de l’Etat aux fonctions régaliennes (Défense, Sécurité, Justice, infrastructures, etc.) et laissant tous les autres domaines à l’initiative privée, ont démontré leurs limites particulièrement dans les domaines de la santé et de l’éducation. Dans les faits, aucun Etat européen ne favorise le libéralisme absolu. Dans ces pays, en matière de santé, le secteur privé a une activité secondaire par rapport au secteur public toujours en première ligne. La carte sanitaire y vise la maîtrise de l’offre des soins y compris privée pour ne pas provoquer les surconsommations d’actes et de produits et d’aggraver les déficits publics de l’Assurance Maladie. Au Maroc, les régions déshéritées, dont la population est insolvable, attendent depuis des décennies que l’initiative privée s’y intéresse. Les deux tiers de l’offre privée en radiologie, biologie, cliniques, médecine de ville spécialisée, se concentrent dans l’axe Casablanca-Rabat. 

L’Etat n’assume pas efficacement son rôle de régulateur de l’offre, de producteur de normes, de contrôleur, et d'arbitre. En matière tarifaire et de facturation, des abus indescriptibles sont dénoncés quotidiennement par les médias y compris officiels et les réseaux sociaux (refus du tiers payant, noir, chèque de garantie au porteur, prestations facturées contestées, paiement en espèces,...). Ces cas qui concernent certaines  cliniques connues, se sont multipliés  ces derniers temps. Mais aucune sanction n'a été prise.  Les sommes réclamées n'ont rien à voir avec le pouvoir d'achat du citoyen moyen, ni parfois  avec des tarifs en vigueur pour certains actes en Europe. 

Mais, c'est surtout en matière de formation des professionnels de santé qualifiés, en nombre suffisant et répartis équitablement sur les territoires qu'il y a de sérieuses carences. Le manque de réanimateurs, de psychiatres, de médecins généralistes,... est alarmant.

En outre, l’absence d’une véritable politique sociale intégrée laisse le champ libre à certaines organisations prétendument caritatives et financées de manière opaque, d’occuper le terrain pour servir les intérêts idéologiques de leurs bailleurs de fonds.

Avant l'arrivée de la pandémie du COVID-19, la Banque Mondiale, dont le Mémorandum (P.22) n’était pas que négatif à l'égard du Maroc, reconnaissait l'éradication de la pauvreté extrême, une forte diminution du taux de pauvreté, une augmentation de l’espérance de vie et un développement considérable dans l’accès à l’eau, l’électricité, le transport, etc.

Toutefois, l’amélioration des indicateurs de la lutte contre la pauvreté et des indicateurs macro-économiques, restent imperceptibles pour les populations défavorisées, car les progrès sont encore insuffisants et la conjoncture défavorable.

Qu'en sera-t-il après les conséquences économiques et sociales de la COVID-19 ? Les chiffres publiés récemment au sujet de l'informel, du chômage, du travail des femmes donnent le tournis. La récession annoncée au Maroc et chez ses principaux partenaires risque d'aggraver les inégalités chez les couches défavorisées. 

Le dernier discours du Trône, relatif à la généralisation de la Protection Sociale, constitue une première dans l'histoire du pays. L'urgence caractérisant le secteur de la santé ne permettait plus d'attendre le rapport de la Commission Spéciale sur le Nouveau Modèle de Développement. Le diagnostic royal sur l'éparpillement, le faible taux de couverture et d'efficacité, est sans appel. Il remet en cause la crédibilité des déclarations des chefs de Gouvernement, des ministres, des organismes de régulation, annonçant comme en 2016, l'imminence d'une couverture médicale à 95%. 

Mais, près de deux mois après ce discours, plusieurs constats nous interpellent sur la méthode utilisée pour faire aboutir ce chantier qui est au cœur du modèle de développement et du contrat social. Nous ne disposons d' :

  • Aucun Conseil de Gouvernement consacré à la question. 
  • Aucune étude préalable, ni juridique, ni économique, ni actuarielle, ni institutionnelle, ni démographique, ni épidémiologique, ...
  • Aucun projet officiel présenté par le Chef du Gouvernement aux partenaires sociaux
  • Aucun Conseil d'Administration des différents organismes gestionnaires de l’AMO n'a été tenu pour examiner quelque projet que ce soit
  • Aucun plan de financement détaillé
  • Aucun projet de loi modifiant ou réformant le cadre légal et réglementaire existant qui porte sur plusieurs dizaines de codes, de lois cadres, de lois, de décrets et d'arrêtés, n’a été présenté à la presse . 
  • Aucune transparence 
  • Aucun débat public
  • Aucun organe de pilotage ou de gestion 
  • Aucun coordinateur ou expert en chef n'a été désigné
  • Aucun planning détaillé 

Personne ne connait même pas les grandes lignes de la nouvelle formule de l'AMO, dont le démarrage est prévu début 2021 et la généralisation fin 2022. Les rares informations disponibles sont distillées au compte goute, dans  le projet de loi des Finances 2021, devenu le moyen de prédilection pour  légiférer directement dans plusieurs domaines relevant d'autres départements ministériels 

Est-ce que la généralisation se fera en maintenant le désordre institutionnel, tarifaire, réglementaire actuel régissant la couverture des travailleurs salariés: fortement inégalitaire, non solidaire, mal régulée, non harmonisée et fragmentée ? Les déclarations récentes du Ministre de l'Emploi et Président du Conseil d’Administration de la CNSS (1) au sujet des 3.186 entreprises affiliées à la CNSS et qui sont assurées chez les compagnies d’assurance, laissent planer un doute sur les intentions réelles du Gouvernement. Les assurances ont de nombreuses règles de gestion qui dérogent à celles de l'AMO de base de la CNSS (2). Cette déclaration contredit celle faite par le Ministre des Finances trois semaines plutôt devant la Commission des finances et du développement économique de la Chambre des Représentants. (3). 

Dans un article publié début 2016, nous avions recommandé : « La solution consistant en une fusion à moyen terme des attributions des tous les organismes chargés de l’AMO de base (CNOPS, CNSS, assurances privées, mutuelles et des caisses internes) dans un seul établissement public va s’imposer logiquement et inéluctablement. Alors, autant commencer dès à présent les études économiques, juridiques et actuarielles nécessaires à l’élaboration des textes adaptés à cette évolution et commencer aussi à uniformiser le panier des soins, les taux de cotisation et de remboursement en créant un peu plus d’égalité entre les différentes catégories »(4)

Aucun Gouvernement n'a pu ou voulu appliquer l'article 114 du Code de l'AMO (1) pour faire basculer les assurés à titre facultatif des mutuelles, caisses internes et assurances privées, vers le régime obligatoire de la CNSS ou de la CNOPS. La presse n'évoque pas souvent la problématique du basculement des régimes de base, comme elle traite de la "centralité" de l'article 44 interdisant le cumul des fonctions de gestionnaire AMO et de prestataire de soins. Les rédacteurs de l'article 114 ont bien verrouillé les choses. Ils ont prévu qu’ : « à compter de la date de publication des décrets réglementaires » du Code de l'AMO, les organismes cités ci-dessus, disposeraient encore de cinq ans, renouvelable. Mais comme de nombreux décrets et arrêtés n’ont pas encore vu le jour, le transitoire se pérennisera, et la CNSS mutualisera l’AMO des bas salaires 4.164 DH, alors que le salaire moyen déclaré chez les assurances est de 9.071 DH (1). Autre constat difficilement explicable par les pouvoirs publics : la plus forte progression de la population couverte n'est pas enregistrée à la CNSS, mais chez les compagnies d’assurances, alors que depuis septembre 2005, les nouvelles affiliations doivent se faire obligatoirement à la CNSS ! Les articles 44 et 114 ont été rédigés pour servir les intérêts de certaines institutions et opérateurs influents. Ils ont desservi le projet de la couverture médicale dans son ensemble. Un travail de recherche pour une thèse de doctorat devrait étudier plus en profondeur ce phénomène. 

Nous sommes curieux de voir comment les pouvoirs publics pourront-ils réaliser en trois mois, ce qu'ils n'ont pas pu faire en 18 ans? 

La fin du Ramed, tant décrié, a été également  annoncée aux députés par le Ministre des Finances. Les pouvoirs publics se sont rendus à l'évidence devant les constats argumentés partagés par les patients et les représentants de la société civile. « Sans ressources financières suffisantes et stables, ni d’organisme gestionnaire spécifique, le RAMED n’est pas conforme à la CSU, puisque les patients continuent à s’appauvrir pour accéder aux soins. Par conséquent, le RAMED ne remplit pas encore les conditions minimales de la CSU. Le Maroc fausse les données statistiques en intégrant les bénéficiaires du RAMED dans la couverture globale de la population. »(6). Les démunis du RAMED payaient de leurs poches plus de 5 milliards de DH Les mesures révélées le 28 septembre (5) de confier la gestion des ramdistes à la CNSS sont très réjouissantes et mettront fin à une vraie supercherie que nous n'avions cessé de dénoncer à plusieurs reprises (4). «Nos ministres vantent effrontément notre modèle devant les instances internationales, notamment à l’ONU le 22/09/2019. Or, sans financement pérenne et adéquat, la carte du RAMED ne vaut rien ».  (7) . Mais, si les pauvres sont maintenus entre eux, dans un troisième régime, sous financé, étanche, géré par la CNSS,  en ne bénéficiant d'aucune mutualisation avec les deux autres régimes, nous craignons que la montagne n'accouche d'une souris. Espérons que le principe de solidarité, fondamental à tout système de protection sociale, soit respecté par les architectes de la nouvelle formule de l'AMO. C'est un bon indicateur à suivre pour évaluer les intentions réelles des pouvoirs publics. N'allons-nous pas assister à un simple jeu d'écritures?

Le Gouvernement ayant perdu une bonne partie de la confiance accumulée au cours des premiers mois de la gestion de la COVID-19, semble moins bien inspiré dans ses décisions. Les ministères de la Santé et de l’Emploi n'ont pas les moyens suffisants pour mener à bien un projet de cette envergure. A moins de créer un ministre régalien de la Santé et des Solidarités, cumulant les attributions de tous les ministères opérant dans ces domaines. Il y a d’énormes enjeux à la confluence de tellement d'intérêts égoïstes et contradictoires, avec des lobbies ayant réussi ces dernières décennies à bloquer ou à détourner toutes les tentatives de réforme dans ce domaine, comme c'est le cas avec la couverture des indépendants et des travailleurs non-salariés. Ce projet lancé en grande fanfare, le 7 janvier 2016, n'a pas réussi à assurer chez la CNSS, jusqu'à présent, plus de 10 000 assurés sur une population cible de plus de 5,5 millions de personnes. Soit 0,2%. Très maigre résultat depuis l'indépendance. Dès février 2016, nous avions dénoncé la méthodologie retenue et prédit de maigres résultats, (8) mais, pas au point de prévoir qu'il n'y aurait aucun dossier remboursé, à aucun assuré de cette catégorie, avant  l'année 2021.  

Dans la conjoncture actuelle, les délais sont trop serrés pour un Gouvernement s'apprêtant à mener campagne, l'année prochaine, pour se maintenir au pouvoir et qui deux mois après le discours royal n'a encore décliné aucune ébauche de stratégie ni de vision cohérente, assumée et partagée.

Ni le Chef de Gouvernement actuel ni ses prédécesseurs, n’ont l'étoffe des premiers ministres européens comme les Français (Alain Juppé, François Fillon, Edouard Philippe, etc.) ou les Espagnols Felipe Gonzales et José Luis Zapatero (9) qui ont fait montre d'une très grande technicité et d'une parfaite maitrise des problématiques très complexes de la Protection Sociale avec ses différentes branches, ramifications, financements et enjeux politiques et sociétaux.

Malgré toutes ces difficultés, il est urgent de se mettre au travail. Mais seul un arbitrage-management royal, pourrait faire aboutir ce projet titanesque, en utilisant la méthode et l'ingénierie appliquées aux grands projets structurants et aux politiques sectorielles, qui eux n'ont pas souffert des contraintes temporelles dues à l'alternance de cinq gouvernements et de plusieurs crises financières et politiques mondiales.

(1) https://www.leconomiste.com/article/1066673-plus-de-3-000-entreprises-n-ont-pas-bascule-vers-l-amo

(2)  Plafonnement des garanties, petits plafonds pour les bas salaires, exclusion des maladies antérieures, meilleur remboursement des soins ambulatoires et l’hospitalisation, ALD et ALC moins bien remboursés, résiliation unilatérale des contrats, établissement de franchises, arrêt de la couverture maladie des retraités sans possibilité d'adhésion à l'AMO CNSS.

(3) https://www.leconomiste.com/article/1065905-protection-sociale-la-fin-du-ramed-programmee

(4)  https://taoujnisaad.blogspot.com/ « il faudra attendre plusieurs années avant la généralisation effective de la couverture sanitaire » 

(5) http://fr.le360.ma//economie/couverture-sociale-le-nouveau-regime-des-ex-ramedistes-confie-a-la-cnss-224075

(6) Lire article sur la Couverture Sanitaire Universelle au Maroc paru dans le Maroc Diplomatique du mois de juin 2019 https://maroc-diplomatique.net/saad-taoujni-cette-situation-provisoire-dure-depuis-17-ans/

(7) https://taoujnisaad.blogspot.com/2020/01/budget-de-la-sante-2020-circulez-il-ny.html

(8) Article paru le 1er février 2016, chez Panorapost, soit 3 semaines après le communiqué du Ministre de la Santé relatif au projet de la couverture des indépendants annonçant un taux de couverture générale de la population à 95%. Les constats sont toujours valables. De nombreuses prévisions se sont révélées exactes. 5 années de perdues ?  https://www.panorapost.com/post.php?id=12085

(9) Zapatero a fait adopter en Espagne, la Loi Dépendance qui reconnait ce risque social et offre un cadre pour les soins de longue durée des personnes âgées malades ou des personnes en situation d’handicap

Article publié le 28 septembre 2020 

samedi 22 février 2020

فيديو: سعد الطاوجني "فقراء المغرب يدفعون 452 مليار سنتيم سنويا في الصحة". حوار مع سناء العاجي

فقراء المغرب يدفعون 452 مليار سنتيم سنويا في الصحة في 2013

حوار مع سناء العاجي




https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=840351793101972&id=414753655661790

http://marayana.com/laune/2020/01/11/13632/

http://marayana.com/laune/2020/01/11/13632/?fbclid=IwAR0UU7XGFmf40K8HH7Qi44ryWcP9bmkU9WdWJ8rDMofSR0ec2D8uRkmYA20

https://youtu.be/q0-GPgd5sXQ

lundi 7 octobre 2019

Le Maroc Diplomatique (Juin 2019): La Couverture Sanitaire Universelle au Maroc: de multiples inégalités






Le RAMED, régime d'assistance médicale,  ne dispose pas de ressources  suffisantes pour éviter  aux démunis de s'appauvrir suite à  une maladie. Il fausse  seulement le taux de couverture maladie communiqué aux organisations internationales. Sinon le Maroc a l'un des taux de couverture les plus bas de la région méditerranéenne. Soit moins du tiers de la population et non pas 62%.
Les incroyables inégalités entre les fonctionnaires du secteur public et les salariés du secteur privé sont tout simplement anticonstitutionnelles. 
L'AMO des indépendants sera long à mettre en place, peut-être dans une décennie.
L'AMO des parents des seuls fonctionnaires, exclut ceux des salariés du secteur privé.
Les étudiants sont très peu nombreux à bénéficier de l'AMO.
Les dépenses des ménages sont les plus élevées  de la région MENA. Les dépenses de l'Etat sont les plus faibles: moins de 25%
Les déserts médicaux subissent de plein fouet le déficit aiguë en médecins et en paramédicaux,  etc.
Juriste spécialisé en Droit de la Santé et de la Protection So­ciale, enseignant et consultant en stratégie et management de la santé, Saad Taoujni est également expert en tarification de l’activité médicale. Dans cet entretien, il nous ouvre les yeux sur bien des vérités qu’on a toujours tues.









Propos recueillis par Souad Mekkaoui


Maroc Diplomatique -   La Couverture Sanitaire Universelle (CSU) adoptée à New York en 2015, par les 193 États membres de l’ONU, pourrait selon la Banque Mondiale contribuer à la réalisation des 17 objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Pour l’OMS, la CSU produit des rendements élevés tout au long de la vie et favorise l'emploi et la croissance économique inclusive. Elle est basée sur la protection contre les risques financiers et la disponibilité effective des services de santé de qualité. Qu’en est-il du Maroc, où la Constitution de 2011 garantit l’accès égal des citoyens aux soins de santé, à la protection sociale et à la couverture médicale ?

Saad Taoujni - Concernant le principe d’égalité, force est de constater que la CSU au Maroc, dont les deux composantes sont l’AMO et le RAMED, est fortement inégalitaire. A l’intérieur même de l’AMO, les fonctionnaires et les salariés du secteur privé n’ont ni les mêmes droits ni les mêmes obligations. Quant au régime des indépendants, il n’a toujours pas démarré. 
Pour le RAMED, c’est un régime d’assistance très faiblement financé ou mutualisé. Son budget en 2019 est de 1,6 milliard de DH pour 12 millions de bénéficiaires, c.-à-d. le tiers de la population. (Soit 133 DH par personne et par an).
En 2013, les dépenses directes des bénéficiaires du RAMED dans le paiement des actes médicaux non fournis par l’hôpital et dans l’achat des médicaments, du consommable et des prothèses indisponibles, s’élevaient à 4,58 Milliards de Dirhams selon les Comptes Nationaux de la Santé (CNS). Sans ressources financières suffisantes et stables, ni d’organisme gestionnaire spécifique, le RAMED n’est pas conforme à la CSU, puisque les patients continuent à s’appauvrir pour accéder aux soins. Par conséquent, le RAMED ne remplit pas encore les conditions minimales de la CSU. Le Maroc fausse les données statistiques en intégrant les bénéficiaires du RAMED dans la couverture globale de la population. Le taux de 60%, annoncé, le lundi 10 juin 2019, par M. Anas Doukkali à la chambre des représentants couvre des réalités fortement inégales. C’est dire que les assistés du RAMED sont encore très loin du plancher des droits des assurés de l’AMO. 

-        Pour les deux régimes de l’AMO, quelles sont les différences que présentent la CNSS et la CNOPS ? Et pourquoi le Code de l’AMO, basé sur l’égalité, a abouti-via des textes réglementaires- à une situation aussi inégalitaire entre les salariés du secteur public et ceux du privé?
Les taux de cotisation à la CNOPS (CMAM) représentent 5% contre 6,37% à la CNSS. Les cotisations des fonctionnaires sont plafonnées à 400 DH. A la CNSS, il n’y pas de plafond. A salaire égal, un cadre du secteur privé paierait 5 fois plus que le fonctionnaire. Le retraité de la CNSS cotise à 4.52%, contre 2,5% pour l’adhérent à la CNOPS. Par ailleurs, les taux de remboursement de la CNOPS (90%) sont supérieurs à ceux de la CNSS (70%). Par contre, les taux de remboursement de la CNSS sont inférieurs en cas de maladies chroniques.
Selon les CNS, les dépenses de la CNOPS représentent le double de celles de la CNSS. Par conséquent, elle est déficitaire alors que la CNSS, excédentaire avec plus de 24 milliards de DH en 2016, dépose ses excédents auprès des banques, au lieu d’offrir des prestations égales à celles de la CNOPS.
Cela dit, l’égal accès, étant affirmé par la Constitution, les deux systèmes doivent être unifiés à tous les niveaux.

Pourquoi les mutuelles et des assurances continuent-elles à servir la couverture médicale de base et n’ont pas encore basculé vers les complémentaires ?
Les mutuelles, les caisses internes (OCP, ONEE, CMIM, RAM, etc.) et les assurances privées, considérées par l’article 114 du Code de l’AMO, comme gérant provisoirement la couverture médicale de base, ne partagent presque rien entre elles et encore moins avec le Code de l’AMO à part le mot « obligatoire ».Chaque organisme détermine seul ses règles de gestion, ses tarifs, ses taux de cotisation, de remboursement ou de prise en charge qui sont très différents les uns des autres. Les assurances, elles, recourent à l’exclusion des maladies antérieures à l’adhésion et imposent des plafonds de remboursement très vite atteints pour les petits salaires. Cette situation provisoire dure depuis 17 ans et aucun gouvernement ne semble s’en préoccuper.

-        Jeté au fond des tiroirs du gouvernement depuis près de trois ans, le projet de loi relatif à l’AMO des parents est très controversé et il est enfin proposé à la discussion au sein de la deuxième chambre. Pourquoi ce texte ne fait-il pas l’unanimité ?
Le Gouvernement veut rendre obligatoire la couverture des parents aux seuls fonctionnaires, alors que dans le Code de l’AMO, elle était facultative et concernait également les travailleurs du secteur privé. Ces derniers s’en trouvent définitivement écartés. En effet, le projet de Loi 63-16, composé d’un seul article, a pour unique mission de rendre la cotisation obligatoire pour tous les fonctionnaires et les retraités du secteur public, qu’ils aient des parents décédés, retraités ou couverts par une assurance au Maroc ou à l’étranger. Or même s’il y a quatre enfants fonctionnaires de deux parents déjà couverts, ils paieront tous les six de nouvelles cotisations. D’autre part, les retraités, dont la moyenne d’âge est de 67,3 ans et l’espérance de vie de 76,1 ans, doivent cotiser pour des parents pour la plupart décédés alors que leurs pensions figées ont été érodées par l’inflation, depuis plusieurs années. Par ailleurs, selon les données fournies par certains organes de presse début mai, le chiffre de 100.000 parents est avancé. Il a été doublé par le ministre, le 10 juin 2019, devant la Chambre des Représentants. Rapporté à 35 millions d’habitants, le taux de couverture global de la population va s’améliorer d’à peine 0,6%. 
Faut-il rappeler que l’enveloppe financière annoncée, 6 milliards de DH peut financer l’AMO de toute la population âgée de plus de 60 ans, qu’elle soit citadine ou rurale, soit 3,4 millions d’habitants ou 10% de la population totale puisqu’elle dépasse le total des cotisations perçues en 2017 par la CNOPS, soit 4,9 milliards de DH.
Malheureusement, aucune étude actuarielle, démographique ou financière n’a été présentée. Ce qui n’est pas de nature à instaurer plus de confiance dans les relations avec le Parlement, les syndicats signataires du dialogue social et l’opinion publique. D’ailleurs, selon certaines sources, l’objectif réel du Gouvernement serait de combler le déficit financier de la CMAM, (ex CNOPS). Sauf qu’il ne veut pas le reconnaître officiellement et maintient sa position contre vents et marées, en traitant les opposants d’enfants indignes ou maudits. En conséquence, la grogne est en train de monter chez les fonctionnaires contre les nouvelles cotisations qui vont réduire le pouvoir d’achat que les dernières augmentations salariales étaient sensées améliorer.

-        Qu’en est-il de l’AMO pour les étudiants ?
L’extension de l’AMO aux étudiants, en 2015-2016, ne bénéficiant pas de la couverture médicale de leurs parents, n’a permis l’amélioration du taux de couverture sanitaire globale que de 0,09%, puisque des 288.000 bénéficiaires ciblés à son lancement, ils ne sont que 32.621 à être assurés trois années plus tard, soit 11% de l’effectif ciblé. Mais ce n’est pas avec les taux de couverture des étudiants (0,09%) et celui des parents de fonctionnaires (0,6%) que le Maroc va atteindre la Couverture Sanitaire Universelle en 2030. Le rythme de ces petites réformes est extrêmement lent.

-        Pourquoi le régime des indépendants et des travailleurs non-salariés bloque ?
Les travailleurs non salariés représentent 55% de la population active et un tiers de la population bénéficiaire totale. Adoptés par le Conseil du Gouvernement, le 7 janvier 2016, les deux projets de lois relatifs à la couverture médicale (loi n° 98-15) et la retraite (loi n° 99-15), n’ont été adoptés par le Parlement que le 13 juillet 2017 et le 21 décembre 2017. Quatre Décrets d’application des deux lois ont été publiés en janvier 2019. Mais les revenus forfaitaires de chaque catégorie ou sous-catégorie de chaque profession continuent de faire l‘objet d’âpres négociations bloquant l’entrée en vigueur effective du régime. Aussi le système de retraite proposé ne semble-t-il pas attractif en raison de coûts et de rentabilité. Force est de rappeler qu’en 2017 et en 2018, la CIMR a signé de nombreuses conventions, destinées à la couverture retraite des professions libérales comme les médecins dentistes, les architectes, les vétérinaires, etc. Pour ce qui est de l’AMO des indépendants, gérée par la CNSS, elle est totalement étanche par rapport aux travailleurs salariés. Ce qui fait qu’il n’y a aucune solidarité entre les deux catégories. Cela dit, les textes semblent contenir en eux-mêmes les germes du blocage comme l’obligation d’adhérer à l’AMO et à la retraite en même temps (de nombreux indépendants n’ont pas les moyens de cotiser aux deux régimes), ainsi que la délégation aux ordres et aux associations professionnelles de la mission d’assujettissement, pourtant assurée par la CNSS pour les salariés du secteur privé, etc.
L’évidence est que les blocages cités ci-dessus semblent profiter aux compagnies d’assurances dont la population assurée a été multipliée par quatre, depuis la mise en place de l’AMO. Cette progression est supérieure à celle de la CNOPS et de la CNSS. Mais le silence de la Fédération des Assurances, face au risque de perte de CA, en milliards de DH, en cas de généralisation effective de l’AMO, est là pour confirmer que l’AMO des indépendants ne verra pas le jour de sitôt, voire dans une décennie au moins.
En somme, le projet de généralisation de la couverture médicale de base a été détourné de ses objectifs d’universalité, d’égalité et de solidarité. Mais une question taraude les observateurs : pourquoi les médecins n’ont pas de mutuelle alors que les avocats en ont une ?

Qu’en conclure ?
Dans tous les cas, les 60 milliards de DH dépensés, annuellement,(base 2018) dans la santé ne bénéficient pas de la même manière à tous les citoyens et ne sont pas utilisées de manière efficiente entre soins préventifs et soins curatifs, l’AMO et le RAMED, villes/campagnes, hommes/femmes. Par ailleurs les tarifs de certains actes médicaux et médicaments sont plus chers au Maroc qu’en Europe. Pour ce qui est de la fracture sanitaire territoriale, on peut dire qu’elle est très forte. Dans les déserts médicaux, la population souffre cruellement du manque des ressources humaines médicales et paramédicales, alors que la loi 131.13 relative à l’exercice de la médecine, a verrouillé hermétiquement les possibilités de recourir à des médecins étrangers (articles 27 à 32), pendant que le pays manque cruellement de praticiens (11000 selon l’Etat et 22 000 selon l’Association des Cliniques Privées (ANCP) et que des médecins marocains s’expatrient.
Pour finir, dans le contexte actuel de l’incroyable débat autour de la médecine libérale au Maroc, des grèves, des sit in, des procès en diffamation, des échanges houleux entre M. Chorfi et l’ANCP lors des Assises de la Fiscalité et des répercussions de tout ceci sur l’image des cliniques privées et par ricochet des médecins ; devant également la qualité des « arguments » échangés entre les étudiants en médecine des secteurs public, privé, fondation, autour des concours du résidanat et d’internat et en attendant qu’une loi déverrouille le numérus clausus comme ça a été le cas récemment en France, la Loi 131-13 doit être, urgemment, amendée pour permettre le recrutement de centaines de médecins étrangers, dûment qualifiés, comme c’est la cas partout dans le Monde, en vue de soigner les citoyens des 25 provinces sur 75, ne disposant d’aucun médecin libéral. Les « débats » entendus sur l’axe Casablanca- Rabat semblent provenir d’une autre planète aux habitants des régions déshéritées.

Bon à savoir
•     La part des dépenses totales en santé, dans le PIB, a enregistré une baisse en passant de 6,2% en 2010 à 5,8% en 2013. Elle représente un niveau inférieur à celui de la moyenne des 194 pays membres de l’OMS qui est de 6,5%.
•     La part du budget de la santé dans le Budget Général a baissé, en 2013 (4,8%) contre (5,5%) en 2010, alors que l’OMS recommande au moins 12%.
•     La part de l’Etat dans les dépenses totales n’a jamais dépassé les 25%. Or, selon l’OMS, la CSU ne peut aboutir sans une augmentation importante des fonds publics, grâce notamment aux financements innovants
•     Depuis 1997/98, la structure de financement n’a connu qu’un léger changement. En 2013, elle est financée par le paiement direct des ménages à 50,7%, les ressources fiscales avec 24,4%, la couverture médicale à 22,4%, les employeurs à 1,2%, (la coopération internationale : 0,6%, les autres sources : 0,7%).
•     Selon les CNS, le cumul des contributions des ménages entre celles directes (50,7%) et indirectes liées aux cotisations à l’AMO (12,6%), fait des ménages avec 63,3%, le premier contributeur du système national de santé.
•     Ce taux n’a pratiquement pas varié depuis la publication du Code de l’AMO en octobre 2002. Il s’est même aggravé en passant de 61,9% à 63,3% entre 2010 et 2013 selon les CNS. Mais pour l’OMS, les dépenses directes des ménages sont 59,2% et non pas 50,7%. Par conséquent, la contribution totale des ménages est de 71,8% et ce dans une totale asymétrie entre le médecin et le patient et sans aucune régulation. Les instances chargées de l’éthique du contrôle, et de la fabrication normes réglementaires n’existent pas encore au Maroc
•     Pour l’OMS et la Banque Mondiale, le Maroc a la plus forte dépense des ménages parmi les pays de la zone MENA et la région méditerranéenne.



mardi 1 octobre 2019

القانون المغربي و التغطية الصحية الشاملة


القانون المغربي و التغطية الصحية الشاملة 

بقلم الطاوجني سعد




تعطي المنظمة العالمية للصحة أهمية خاصة للتشريع، كعنصر أساسي في  تعميم التغطية الصحية الشاملة في أفق سنة 2030 والتي وقع عليها المغرب مؤخرا،  وذلك لضمان حقوق المريض والطبيب معا و لحكامة  أحسن و نجاعة أفضل وسلامة أمتن   وكذلك لمعالجة المخاطر المالية الناتجة عن مصاريف  المرض، خاصة  عند الأسر الفقيرة لكي لا تصير أكثر فقراً بعد مرض أحد أفرادها.

إلى أي حد يساير التشريع المغربي تلك التوصيات؟

مازال الميدان الطبي محكوم بـظهير الالتزامات والعقود الصادر سنة 1913، مع أنه  لم يُشر فيه إلى مصطلح "الطبيب" إلا مرة واحدة (المادة 388: التقادم في سنتين) و لم يتضمن كلمة "مصحة" على الإطلاق،  في حين تمنح المادة 1248 الرتبة الثانية لنفقات المرض بين الديون الممتازة.
علاوة على ذلك، فإن مدونة أدبيات الطبيب (Code de la Déontolgie)، و التي أقرتها الحماية الفرنسية لأول مرة في سنة 1953 ، لم  يتم  تعديلها لحد الآن،  فهي تقوم على مبدأ "الأبوية الطبية" (لقاء ثقة المريض بضمير الطبيب) ولا يزال فيها الحديث  عن الاتفاق المباشر بين المريض والطبيب بخصوص  الرسوم (أو الأتعاب) (المادة 5)، رغم عدم تكافؤ المعلومات بين الاثنين، فالطبيب هو الواصف والمحدد للأتعاب.
للتذكير ، غيرت فرنسا  مدونتها أربع مرات بين عامي 1947 و 1995 وفرضت على الأطباء احترام المعايير و المراجع والبروتوكولات الطبية المتفق عليها مع الجمعيات العلمية الطبية المختصة. و أقرت بتعريفة موحدة وأنشأت عدة مؤسسات لمراقبة تطبيقها، وساير الاجتهاد  القضائي والفقه القانوني هذا التغيير.
غياب مؤسسات المراقبة  
لا يتوفر المغرب لا على المجلسِ الوطني الأعلى للصحة، (على نقيض ميادين أخرى كالتعليم والقضاء) ولا على اللجنة الوطنية  للأخلاقيات (Ethique). فهاتين الهيئتين الجوهرتين لم تر النور بعد كباقي المؤسسات الأربعة الأخرى  والمكلفة باليقظة والأمن الصحي والجودة والتقويم والاعتماد (Accréditation) المنصوص عليها في القانون 34.09 المتعلق بالمنظومة الصحية الصادر سنة 2011. فكل النصوص التنظيمية المتعلقة بها لم  تخرج بعد حيز التنفيد. في غياب هاته الهيئات الإستراتيجية الستة ، صار المجلس الوطني لهيئة الأطباء (CNOM) يستعيضها جميعا، مع العلم أنه يفتقد للموارد المادية والبشرية الكافية، مما يجعل دوره مرتبك بين ما هو تأديبي (مهمته الأولى) وما هو استشاري أو نقابي محض، وهذا الدور الأخير هو الذي يطفو الآن أكثر.


غياب معايير السلامة و الجودة 
وأخيراً، من الضروري إصدار النصوص التنظيمية التي ترتبط بكل القوانين المنظمة بالصحة وتمويلها، المنشورة مند سنين، وعدم انتقاصها من مبادئها الأساسية: المساواة والإنصاف والتضامن والإجبارية... كما وقع مع مدونة التأمين الإجباري عن المرض التي أفرزت نصوصها التنظيمية فوارق عدة بين شغيلة القطاع الخاص و القطاع العام  في  نسبة الاشتراك وسقوف التحملات ... 

والجدير بالذكر أننا نلاحظ غياب شبه تام لمعاييرٍ تُنظم سلامة المرضى ونوعية الرعاية والجودة والاعتماد.
إن قرارات وزير الصحة الخاصة بالمعايير التقنية للعيادات (2 نوفمبر 2000)، ومراكز غسل الكلي (27 فبراير 2003)، والمختبرات (19 أكتوبر 2005)، لم تلمح إلا نادرا   للمعايير الطبية الخاصة بالسلامة والنظافة والجودة والاعتماد.

في المقابل توجد إشارة إلى معايير الجودة بشكل مختصر في  المادة 60 الشهيرة في القانون 131.13 المتعلق بمزاولة  مهنة الطب،  والتي تهتم  أساسا  بموضوع فتح رأس مال العيادات الخاصة لغير الأطباء: " تحدد بنص تنظيمي  الضوابط المرجعية  للجودة الواجب التقيد بها في تقديم  العلاجات". و قد يعتقد البعض أن هذه المعايير موجهة فقط للعيادات المملوكة لغير الأطباء. وكان وزير الصحة  السابق السيد الوردي قد صرح أن  المعايير لن توضع إلا بعد تأسيس  الهيئة المختصة. لحد الآن لا زال القضاء المغربي  ينتظر أن يجود المشرع ببعض المقتضيات  في هذا المجال.

إلى يومنا هذا لم تنجز بعد مدونة شاملة للطب أو الصحة أو المسؤولية الطبية . مما يجعل الخبرة الطبية والعقوبات المنصوص عليها  في الفصلين 432 و 433 من القانون الجنائي ل«عدم مراعاة النظم أو القوانين» غير مستقرة أو منسجمة. فعلى الحكومة وضع معايير متعارفا عليها ونشرها في الجريدة الرسمية لتصير إلزامية لجميع المتقاضين.
إن وجود المعايير يقلل من عدد ضحايا الحوادث الطبية واللجوء  المتزايد  للقضاء لتحميل المسؤولية للطبيب. كذلك  العيادات المعتَمَدة والمتوفرة على معايير الجودة ستستفيد من  تقدير ايجابي من القضاء وشركات التأمين ويكون دفاعها دو  حجج ودلائل وازنة.

لمواجهة هذا الفراغ القانوني والمؤسساتي المثير للجدل، شرع كل من المجلس الوطني للهيئة الوطنية للطبيبات والأطباء (CNOM) والتجمع النقابي الوطني للأطباء المختصين في القطاع الخاص (CNSMSPفي  تقديم مشروعي قانونين على التوالي لتعديل مدونة الأدبيات و لتنظيم المسؤولية الطبية  لأول مرة. 
 حتى لا تصير الأمور إلى ما ٱلت إليه خلال مناقشة القانون المتعلق بمزاولة  مهنة الطب سنة 2015، حيث تم تركيز انتباه الإعلام والرأي العام على "خطر" فتح ملكية العيادات للشركات المكونة من غير الأطباء، فمن الضروري إشراك جميع فصائل المجتمع و  إعطاء الاهتمام الكافي للأحكام الأخرى المتعلقة بحقوق المريض وسلامته (فقرتين فرعيتين من المادتين 2 و 60 من أصل  124 مادة) والتكوين الإلزامي المستمر للأطباء و التعرفة  والمواضيع الجوهرية المشار إليها في هذا المقال.

نقص حاد في الموارد البشرية
ـ  حد القانون 131.13 من إمكانية اللجوء أو الاستعانة بالأطباء الأجانب وحتى بالأطباء  المغاربة المقيمين خارج الوطن، حيث تعد المواد 27 إلى 32 جد صارمة في هذا الصدد، في حين تفتقر البلاد بشدة مقلقة إلى الأطباء (ما لا يقل على32000) مع العلم أن فئة لا بأس بها منهم   فضلت الهجرة في الآونة الأخيرة.
ـ بالنظر إلى الضرورة الملحة إلى الأطباء، وإلى حين فتح سقف الأعداد المسموح لها بدراسة الطب في المغرب (Numerus clausus ) !!!، يجب تعديل النص للسماح باستقدام أطباء أجانب كما هو الحال في جميع أقطار العالم،  مؤهلين حسب القواعد الجاري بها العمل في المغرب، وتشغيلهم في الأقاليم (الخمسة وعشرون) التي تفتقر لأدنى طبيب خاص.

المسئولية المهنية الطبية
يبدو أن إلزام الأطباء  بالتأمين عن هذا الخطر ، الذي تم علاجه في  القانون 131-13 بشكل مقتضب وموجز جداً، تتجاهله  شركات التأمِّين، لأنه غير مدرج في قانون التأمينات ليصير إلزاميا بالنسبة إليها  ولعدم وجود أي سلطة مراقبة، لذلك نجد أن  أكثر من  ثلثي  الأطباء لا يتوفرون عن هذا التأمين رغم كونهم من أكثر المهن  تعرضا للمتابعات القضائية.
حتى في مشروع المسئولية الطبية المقدم من طرف التجمع النقابي الوطني للأطباء المختصين، ستظل أملاك وأرصدة الأطباء مهددة بالحجز عندما تكون التعويضات التي يقرها القاضي أعلى من حدود التغطية التأمينية (المادة 28).
مسبقا ، وحتى لا تُضر مصالح  ضحايا الحوادث الطبية أو الأطباء ، فمن الضروري إعداد دراسة  مستقلة و معمقة  لنواقص  القانونين المتعلقين بتعويض ضحايا حوادث السير (1984) وحوادث الشغل (2014)  فالتعويضات فيها هزيلة جدا و غير منصفة ولم تُحَين منذ إنزالها ولا تساير الإرتفاع المهول للتكاليف ، في حين سجلت نسبة هوامش ربح شركات التأمين ارتفاعا جاوز 25 ٪ سنة 2017، كما جاء في تقرير هيئة مراقبة التأمينات والاحتياط الاجتماعي  (ACAPS)، وهي  دركيُ القطاع.

حاليا، يتحمل المرضى والتعاضديات التكاليف الإضافية الناجمة عن الحوادث الطبية.

من المرغوب أن تشارك فعاليات المجتمع المدني مع الأحزاب و النقابات و ممثلي الأطباء والمصحات لتوحيد الرؤيا في مناقشة كلا المشروعين  لياخدا في الحسبان تطور الممارسات الطبية والعقليات والتشريعات (الوطنية والدولية) والفقه  والاجتهاد القضائي والتقنيات والتسعيرة و الثالث المؤدى عنه وافتتاح رأسمال العيادات والإنترنت ....

لكي يستفيد البلد من النقاش المتعلق بهذين المشروعين يجب أن يكون ديمقراطيا وبناءاً و أن تحتل حقوق المريض، "الممثل الرئيسي لصحته" مكانة مركزية، باسم احترام المبدأ الدستوري للحق في الحياة والكرامة و أن تكون أسس هذين النصين مبنية على المبادئ التالية:
ـ التزام الطبيب بإعطاء معلومات واضحة ونزيهة ومناسبة ومفهومة في جميع مراحل الفحص والعلاج والاستشفاء؛
ـ الموافقة المستنيرة للمريض أو من ينوب عنه (Consentement éclairé ؛
- إخضاع الملف الطبي  لقانون  تنظيمي حتى يكون مستوفيا لمعظم المعلومات الضرورية مع تأكيد  حق المريض في الوصول  إليه؛
- إقرار تسعيرة عادلة ومناسبة يمكن مقارنتها مع الدول المجاورة وحتى الأوربية منها. 

الطب ليس تجارة ولكنه يعرف فوضى  في التعريفة : المقاربة   المغربية الغريبة 


لا يتضمن القانون 131-13 ومدونة التأمين عن المرض أحكاما عامة أو مبدئية تُنظم التحرير المفرط للتعريفات. فالتسعيرة المرجعية الوطنية (TNR)  المُؤطرة في مدونة التأمين الإجباري عن المرض لا تُلزم إلا الصناديق المُسيٍرة (CNSS) و (CNOPS) أي 20% من الساكنة. كل منظمات التأمين الأخرى، حوالي  أربعين، لديها تعريفات أو ممارسات مختلفة.  وكل مريض غير مؤمن يفاوض الأتعاب. والنتيجة هي "سوق" تجارية  غير منظمة خلافا للمبدأ الأساسي للقانون:الطب ليس تجارة. للتذكير فرنسا تتوفر على تعريفة موحدة إلا لمن أراد أن يكون خارج الاتفاقية  ولكنه  ملزم بالتصريح  بالمبلغ الحقيقي المسدد.

ومن المؤكد أن تسعيرة الإنعاش (1500 درهم) في التسعيرة المرجعية الوطنية والتي لا تهم  جميع الساكنة  تتطلب المراجعة (إذا ما كان قسم الإنعاش موافقا للمعايير المتعارف عليها ولتصنيف منهجي مراقب ومفتوح طوال السنة). في المقابل، ينبغي تعديل بعض التعريفات الخاصة بالأمراض المزمنة ، لأنها أكثر تكلفة للمغربي منه للأوروبي.

تعريفة حوادث الشغل يحددها في المغرب وزير الشغل وتختلف عن التعريفة المرجعية  التي يقرها وزير الصحة وتقل عنها بحوالي 40%. لا أحد يقدر أن يفسر كيف يمكن قبول هذا التمييز  التعريفي حتى ولو أجريت عمليتان لمرض ناتج عن حادثة شغل أو مرض أو  أسباب أخرى من نفس الطبيب و في نفس المصحة و بنفس الأسلوب. المنظمات المهنية لا تشجب كثيرا هذا التمييز. (سعر الاستشارة لدى الطبيب العام  هو 40 درهم في 2019 !) 

لم يُأطِّر القانون 131-13  الممارسات  السلبية و المُضرة  لبعض العيادات أو "المهنيين"  في مجال  تسعيرة  الأعمال الطبية والفوترة والتي  يشتكي منها المرضى ومديرو صناديق التأمين على حد سوى. هذه الأحداث استغلتها بعض الأطراف والأقلام لتلفيق وصمة عار على  مهنة الطب بأكملها.إن هذه الممارسات ترهن تطور الاستثمارات الطبية (الأجنبية أو الوطنية)  و التعاون مع منظمات التأمين الصحي  الأجنبية  وخاصة  لدول  جنوب الصحراء وتحد كذلك من نمو السياحة الطبية وتبعد كل يوم المغرب  عن الطب الاجتماعي الذي كانت  ولفترة طويلة مصحات الصندوق الوطني للضمان الاجتماعي  نموذجه المثالي.


فرغم مرور أكثر 17 سنة عن نشر المدونة لازالت نسبة التغطية الصحية لا تتعدى ثلث المغاربة و لم تشمل بعد الأطباء! لكن لازال سؤال يؤرق المراقبين: لماذا لا يتوفر الأطباء على تغطيتهم الصحية وهم أدرى بشعابها، في حين يمتلكها المحامون ؟ 

ومن أجل تقليص اللجوء المتزايد للقضاء  وخاصة المسطرة  الجنائية ، يجب على المغرب اعتماد قانون ينظم المسؤولية الطبية ويوفر آلية قانونية للوساطة، يقودها قاض مختص، يساعده خبراء مكونين ، وأن يكون جدول جبر الضرر منصفا  والبرمجة الزمنية ملزمة، خاصة في حالة نجاح الوساطة التصالحية، مع دعائر زجرية مقنعة.

ختاما، لا يمكن للسلطات أن تترك نصوصًا قديمة وغير مناسبة  تنظم النشاط الطبي، و هي لا تحمي أياً من المرضى أو المهنيين الصحيين ، تاركة الباب مفتوحاً على مصراعيه أمام عدالة عرضية و اجتهاد  قضائي غير متناسق في مجال المسؤولية المدنية الطبية وتعويضات متفاوتة للضحايا.