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mardi 9 janvier 2024

18 millions marocains, la moitié sans AMO. Saâd TAOUJNI


 

Le taux de couverture médicale est de 50% et non pas 100% selon le Gouvernement et 90% pour le HCP

Saâd TAOUJNI. Le mardi 9 janvier 2024


1)    Pourrions-nous affirmer aujourd’hui que tous les marocains bénéficient de l’AMO ?  

D’abord et sur le plan quantitatif, pour pouvoir l’estimer, il faut analyser la situation propre à chaque catégorie en se basant principalement sur les derniers chiffres annoncés le 12 décembre 2023 par Mr Lekjaâ Ministre Délégué au Budget, à la Chambre des Conseillers lors de la séance des Questions Orales (1). Il s'est exprimé en véritable responsable de la Protection Sociale.

a)  Selon ce dernier, le nombre de travailleurs salariés immatriculés est de 3,9 millions (2,7 M à la CNSS et 1,2 M à la CNOPS). Or, pour le Haut-Commissariat au Plan (HCP) (2), cette catégorie compte 5,6 millions de salariés. Le taux de couverture, sur la base des deux données, serait donc de 70%, mais il faut immédiatement le relativiser en raison des faibles niveaux de déclarations des salariés en termes de jours de travail et des rémunérations minorées dans les secteurs des grands pourvoyeurs d’emplois comme l’agriculture, le commerce, le bâtiment, le textile, l'artisanat, les services, le tourisme, le travail domestique, etc. Parfois, les travailleurs couverts représentent moins de 20% dans certaines branches comme l’agriculture. D’autre part, il est nécessaire de rappeler que 674 milles salariés immatriculés à la CNSS ont des droits fermés, soit 25% des immatriculés. (3)  Par conséquent la population non-assurée avoisinerait les 4,4 millions de bénéficiaires, soit un taux de couverture ne dépassant pas 60% sur 11 millions. Ce qui est conforme à la part grandissante de l’emploi informel dans l’économie marocaine, la plus élevée du pourtour de la Méditerranée selon la Banque Mondiale et l’Organisation Internationale de Travail.

b) S’agissant des indépendants et des travailleurs non-salariés (TNS), Mr Lekjaâ avait annoncé le 26 mai 2022 que le taux de couverture avait atteint 70% de la population cible : 8 sur 11 millions de bénéficiaires. Le 12 décembre 2023, il a déclaré qu’ils n’étaient plus que 7 millions. Or, la Cour Des Comptes a affirmé dans son rapport 2022-2023, publié également en décembre 2023 (4), que seulement 13% ont les droits ouverts à l’AMO. Donc, 9,6 millions de TNS ne sont pas du tout assurés. Le Gouvernement a reconnu finalement la difficulté de couvrir cette catégorie, en abandonnant une créance de 3,4 milliards de DH par le vote d’une Loi les amnistiant. De nombreux TNS n’étaient même pas au courant qu’ils étaient assurés et n’avaient rempli aucun bulletin d’adhésion.

c)  En ce qui concerne AMO Tadamon (5), la population démunie cible de 11 millions de personnes semble sous-estimée. Selon Mr Jouahri, le Gouverneur de la Banque du Maroc et Mr Lekjaâ la population vivant dans la précarité représente les deux tiers de la population totale. Mr Ait Taleb a annoncé qu’il y avait 16,5 millions de ramedistes (6)

L’entrée et la sortie d’AMO Tadamon est encore très fréquente. Près d’un million de personnes n’étaient plus couvertes durant cinq mois, le motif invoqué (fin de la date de validité de la carte) ne tient pas dans l’ère de la digitalisation. En fait, les sorties sont dues à l’instabilité de la note attribuée (RSU) aux assurés qui est très fluctuante selon la variation des données personnelles des assurés, collectés par l’agence des registres chez les différents opérateurs publics ou privés dans les domaines de téléphonie et d’internet, de crédits bancaires, de la conservation foncière, d’immatriculation des voitures et des motocycles, des régies distribution d’eau, d’électricité, etc.  Cette instabilité entraine la rupture des prises en charge et l’arrêt des soins, souvent de maladies chroniques, après un petit délai. Le ciblage pose encore de nombreux problèmes. Des personnes réellement démunies ne bénéficient pas d’AMO Tadamon.

d) La quatrième catégorie concerne des personnes capables de payer les cotisations de l’AMO sans être ni travailleurs salariés ni travailleurs non-salariés, dont le nombre n’a pas été annoncé dans le discours Royal du 9 octobre 2020, ni dans le plan Benchaaboune. Le projet de Loi 60-22 n’a été présenté au Conseil du Gouvernement que le 8/12/2022 soit une semaine après le basculement des ramedistes à AMO-Tadamon. Il s’agit de 4 millions de personnes, dont le nombre a été annoncé furtivement et sans beaucoup de détails lors de la séance des Questions Orales précitée.

Le 3 janvier 2024, la CNSS a publié un communiqué les appelant à s’inscrire à « AMO ACHAMIL », c'est-à-dire Universel en arabe. Le communiqué, contrairement à la Loi 60-22 lui attribue deux qualificatifs contradictoires : FACULTATIF et OBLIGATOIRE. Ce qui déroge au Discours Royal et au plan de généralisation de l’AMO. Il est obligatoire dans la Loi 60-22, facultatif dans le communiqué de la CNSS. Certaines personnes capables peuvent donc adhérer aux assurances privées ou n’adhérer à aucun régime. Comment atteindre alors les 100% de bénéficiaires ? (7)  Six jours après ce communiqué, le nombre d’adhésions ne peut-être que nul tant la procédure est contraignante. Les non-assurés sont donc toujours 4 millions d’assujettis sans parler des bénéficiaires. Dans son intervention, Mr Lekjaâ n’a pas précisé le nombre de bénéficiaires. Seraient-ils encore 11 millions comme les autres catégories ayant autant d’assurés ? Ce qui porterait étonnamment la population du Maroc à plus de 44 millions d’habitants. Tout cela démontre l’absence d’étude stratégique, et par conséquent de vision, avant le lancement de ce chantier titanesque.

C/C. Fin 2023, et à la lumière des données relatives aux quatre catégories, 18 millions de marocains n’ont pas de couverture médicale, soit, un taux de couverture ne dépassant pas les 50% de la population (y compris AMO Tadamon). Nous sommes loin des 100% annoncés par Messieurs Lekjaâ et Ait Taleb ou des 90% du Haut-Commissariat au Plan (8).

Même le taux de 50% devrait être pondéré au regard du montant restant à la charge des patients assurés qui dépasse les 50,2 % à la CNSS en cas de maladie, selon le rapport de l’ANAM cité ci-dessus. Pour les maladies chroniques, dites ailleurs maladies exonérantes, ce taux est encore de 22,7%. (9) Sans oublier que les non-assurés supportent 100% des dépenses.

Il faut rappeler que le Chef du Gouvernement a annoncé le 24 octobre 2022, que 100% des Marocains allaient être couverts avant la fin de 2022. Nous sommes trois ans après le début de la généralisation de l’AMO et 69 ans après l’Indépendance, le taux réel de couverture est bien loin de ces annonces.

Ensuite, qualitativement, les travailleurs salariés ayant une couverture facultative (la Loi marocaine le permet encore) (10) auprès des assurances privées, des mutuelles ou caisses internes de certains établissements publics, ont une bien meilleure couverture que les travailleurs salariés immatriculés à la CNSS. Ces derniers n’ont pas non plus les mêmes avantages que les salariés du secteur public soumis à la même Loi 65-00. Il n’y a donc pas d’égalité entre toutes les catégories de salariés en matière de cotisations, de remboursements, de paniers de soins, d’exclusions, de plafonds, etc.

Il est alors légitime de se poser la question de savoir si la généralisation a atteint les objectifs d’égalité d’accès aux soins, de réduction des inégalités, de solidarité entre les différentes catégories, de lutte contre l’éparpillement des organismes gestionnaires.

Ce que l’on peut affirmer sans doute, c’est qu’il n’y a pas encore de respect du principe d’égalité de couverture de base et d’accès aux soins. Celui de solidarité ne l’est pas non plus au vu de l’étanchéité existant entre les différentes et nombreuses catégories. Où est l’organisme autonome chargé de superviser et d’harmoniser les règles de gestion de l’ensemble des assureurs publics et privés et de lutter contre le « noir », les chèques de garantie, la surfacturation, la surconsommation et la réduction effective de la part énorme à payer par le patient, entrainant parfois son appauvrissement ?

2)      Les ex-ramedistes, affiliés désormais à l’AMO Tadamon de la CNSS, bénéficient-ils réellement de la même couverture que les autres catégories de la population ? 

Cette population se trouve majoritairement dans les régions les plus pauvres du pays où l’offre de soins hospitaliers est souvent quasi inexistante sur des centaines de kilomètres. Pourtant, les ministres affirment qu’il y a une égalité entre tous les bénéficiaires de l’AMO, oubliant que la précarité et la pauvreté figurent parmi les premiers déterminants sociaux de la santé. Ces « assurés » ont principalement recours aux soins dans le secteur public quand des structures existent à proximité et qu’elles sont pourvues de médecins disponibles en permanence. Ils dépensent directement des sommes importantes pour les déplacements, les actes et les produits dont ne disposent pas en permanence la plupart des hôpitaux publics. Ces dépenses avoisinaient en 2020 près de 5 milliards de DH (11).  Pour accéder aux soins externes dans le secteur privé et attendre le remboursement, il faut qu’ils disposent de moyens financiers suffisants. Après le basculement vers AMO Tadamon depuis le 1er décembre 2022, le secteur privé n’aurait reçu dans les cabinets et les cliniques que 5% de bénéficiaires (12). Si l’on considère que certains démunis vont percevoir mensuellement une aide sociale directe de 500 DH pour une famille composée d’enfants non scolarisés et parfois s’occupant d’une personne âgée, est-ce suffisant pour améliorer l’accès aux soins de cette population composée de pauvres et de démunis ? Ce qui se traduit le plus souvent par la renonciation aux soins et le recours aux « guérisseurs » traditionnels.

 

3)       L’offre de santé actuelle suffit-elle à la mise en œuvre de ce chantier ?  Qu’est ce qui manque pour réussir cette réforme ? 

La difficulté la plus évidente et visible concerne l’insuffisance du capital humain. Or, sans professionnels de santé qualifiés et en quantité suffisante, il n’y a pas de Couverture Sanitaire Universelle, selon le Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé.  Le système de santé publique risque de s’effondrer si la tendance à l’émigration vers les pays occidentaux et à l’exode vers le secteur privé des grands centres urbains, continue sur le trend actuel. Certaines régions comme le Draâ Tafilalet, le Haouz et l’Oriental où les taux de pauvreté sont élevés, les patients démunis ont très fréquemment affaire aux infirmiers qui ne disposent pas toujours des moyens nécessaires. L’immense travail des paramédicaux n’est pas encore suffisamment reconnu et rémunéré à sa juste valeur notamment pour les risques professionnels auxquels ils sont fortement exposés.

D’autre part le Maroc ne dispose que de 170 hôpitaux publics selon la Cour des Comptes, dont plusieurs construits et équipés récemment. Ils ne sont pas correctement répartis sur tout le territoire. Certains services équipés manquent de ressources humaines pour les faire fonctionner. Les IRM ou les scanners sont souvent en panne. La revue de la presse quotidienne au Maroc notamment en arabe, apporte de nombreuses illustrations sur les manques et les carences. Les cas de « transferts » pour décrire le parcours des soins des patients et de leurs familles sur des centaines de kilomètres, dans des endroits ne disposant pas toujours d’ambulances, y sont souvent décrits avec moults souffrances et coûts supplémentaires. Les délais d’obtention des rendez-vous pour une consultation dans un CHU éloigné, ne cessent de s’allonger pour atteindre souvent les six mois.

Pour réussir cette réforme, il faudrait améliorer tant quantitativement que qualitativement l’offre publique sur l’ensemble du territoire. Il faut également, soumettre l’offre des cliniques privées, actuellement concentrée à 79% dans cinq villes selon le Conseil de la Concurrence, à un cahier de charges imposant la permanence des soins, le respect des normes d’hygiène et de sécurité des patients et du personnel ainsi que la carte sanitaire. Le Gouvernement doit absolument régler le problème de la tarification pour asseoir réellement ce projet sur des bases saines et solides permettant de sanctionner le non-respect de la tarification par le dé conventionnement.

4) Sources et notes

(1)  La plupart des données utilisées dans le présent article (sauf mention contraire) ont été annoncées par M. Lekjaâ lors de la séance des Questions Orales à la Chambre des Conseillers du 12/12/2023. Pour le Ministre délégué au Budget, la population totale est de 33 millions d’habitants, alors que pour le HCP, il y 37 millions.

(2)   Note d’information du Haut-Commissariat au Plan relative aux principales caractéristiques de la population active occupée en 2022.

(3)  https://anam.ma/anam/wp-content/uploads/2023/04/RAPPORT-ANNUELGLOBAL-2021.pdf . P27

« Bénéficiaire ayant les droits fermés : Toute interruption de paiement des cotisations variable selon la catégorie entraîne la suspension des droits pour les assurés et ses ayant droits. » S. Taoujni

Voir Glossaire ANAM pages 83 à 91

(4)  Rapport d’activité de la Cour des Comptes pour les exercices 2022-2023. Paragraphe sur les risques encourus par l’AMO. P 74

https://www.courdescomptes.ma/publication/publication-du-rapport-annuel-de-la-cour-des-comptes-au-titre-de-2022-2023/

(5)  L’appellation AMO Tadamon n’existe pas dans la loi 27-22 relative à cette catégorie. Qui l’a créée alors ?

(6) https://www.maroc.ma/fr/actualites/m-ait-taleb-augmentation-de-58-du-budget-du-ministere-de-la-sante-en-2021

(7) https://www.lavieeco.com/influences/societe/amo-achamil-linscription-au-regime-facultatif-ouverte/

https://twitter.com/CnssMaroc/status/1742539164644417660/photo/2

(8)  HCP. 3ème rapport sur la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, publié en novembre 2023. https://www.hcp.ma/Troisieme-rapport-du-Royaume-du-Maroc-sur-la-mise-en-oeuvre-de-l-Agenda-2063-Bilan-de-la-premiere-decennie-2014-2023_a3776.html

(9)  https://anam.ma/anam/wp-content/uploads/2023/04/RAPPORT-ANNUELGLOBAL-2021.pdf  P 61

(10)  Bénéficiaires de l’article 114 : Ce sont les salariés des organismes publics ou privés qui leurs assurent, à la date de publication de la Loi 65-00, une couverture médicale à titre facultatif, soit au moyen de contrats groupe auprès de compagnies d’assurances, soit auprès de mutuelles, soit dans le cadre de caisses internes.

(11)  Voir les Comptes Nationaux de la Santé de 2018

(12) https://medias24.com/2023/10/19/pres-de-10-mois-apres-son-deploiement-ou-en-est-le-regime-amo-tadamon/

samedi 22 février 2020

فيديو: سعد الطاوجني "فقراء المغرب يدفعون 452 مليار سنتيم سنويا في الصحة". حوار مع سناء العاجي

فقراء المغرب يدفعون 452 مليار سنتيم سنويا في الصحة في 2013

حوار مع سناء العاجي




https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=840351793101972&id=414753655661790

http://marayana.com/laune/2020/01/11/13632/

http://marayana.com/laune/2020/01/11/13632/?fbclid=IwAR0UU7XGFmf40K8HH7Qi44ryWcP9bmkU9WdWJ8rDMofSR0ec2D8uRkmYA20

https://youtu.be/q0-GPgd5sXQ

lundi 7 octobre 2019

Le Maroc Diplomatique (Juin 2019): La Couverture Sanitaire Universelle au Maroc: de multiples inégalités






Le RAMED, régime d'assistance médicale,  ne dispose pas de ressources  suffisantes pour éviter  aux démunis de s'appauvrir suite à  une maladie. Il fausse  seulement le taux de couverture maladie communiqué aux organisations internationales. Sinon le Maroc a l'un des taux de couverture les plus bas de la région méditerranéenne. Soit moins du tiers de la population et non pas 62%.
Les incroyables inégalités entre les fonctionnaires du secteur public et les salariés du secteur privé sont tout simplement anticonstitutionnelles. 
L'AMO des indépendants sera long à mettre en place, peut-être dans une décennie.
L'AMO des parents des seuls fonctionnaires, exclut ceux des salariés du secteur privé.
Les étudiants sont très peu nombreux à bénéficier de l'AMO.
Les dépenses des ménages sont les plus élevées  de la région MENA. Les dépenses de l'Etat sont les plus faibles: moins de 25%
Les déserts médicaux subissent de plein fouet le déficit aiguë en médecins et en paramédicaux,  etc.
Juriste spécialisé en Droit de la Santé et de la Protection So­ciale, enseignant et consultant en stratégie et management de la santé, Saad Taoujni est également expert en tarification de l’activité médicale. Dans cet entretien, il nous ouvre les yeux sur bien des vérités qu’on a toujours tues.









Propos recueillis par Souad Mekkaoui


Maroc Diplomatique -   La Couverture Sanitaire Universelle (CSU) adoptée à New York en 2015, par les 193 États membres de l’ONU, pourrait selon la Banque Mondiale contribuer à la réalisation des 17 objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Pour l’OMS, la CSU produit des rendements élevés tout au long de la vie et favorise l'emploi et la croissance économique inclusive. Elle est basée sur la protection contre les risques financiers et la disponibilité effective des services de santé de qualité. Qu’en est-il du Maroc, où la Constitution de 2011 garantit l’accès égal des citoyens aux soins de santé, à la protection sociale et à la couverture médicale ?

Saad Taoujni - Concernant le principe d’égalité, force est de constater que la CSU au Maroc, dont les deux composantes sont l’AMO et le RAMED, est fortement inégalitaire. A l’intérieur même de l’AMO, les fonctionnaires et les salariés du secteur privé n’ont ni les mêmes droits ni les mêmes obligations. Quant au régime des indépendants, il n’a toujours pas démarré. 
Pour le RAMED, c’est un régime d’assistance très faiblement financé ou mutualisé. Son budget en 2019 est de 1,6 milliard de DH pour 12 millions de bénéficiaires, c.-à-d. le tiers de la population. (Soit 133 DH par personne et par an).
En 2013, les dépenses directes des bénéficiaires du RAMED dans le paiement des actes médicaux non fournis par l’hôpital et dans l’achat des médicaments, du consommable et des prothèses indisponibles, s’élevaient à 4,58 Milliards de Dirhams selon les Comptes Nationaux de la Santé (CNS). Sans ressources financières suffisantes et stables, ni d’organisme gestionnaire spécifique, le RAMED n’est pas conforme à la CSU, puisque les patients continuent à s’appauvrir pour accéder aux soins. Par conséquent, le RAMED ne remplit pas encore les conditions minimales de la CSU. Le Maroc fausse les données statistiques en intégrant les bénéficiaires du RAMED dans la couverture globale de la population. Le taux de 60%, annoncé, le lundi 10 juin 2019, par M. Anas Doukkali à la chambre des représentants couvre des réalités fortement inégales. C’est dire que les assistés du RAMED sont encore très loin du plancher des droits des assurés de l’AMO. 

-        Pour les deux régimes de l’AMO, quelles sont les différences que présentent la CNSS et la CNOPS ? Et pourquoi le Code de l’AMO, basé sur l’égalité, a abouti-via des textes réglementaires- à une situation aussi inégalitaire entre les salariés du secteur public et ceux du privé?
Les taux de cotisation à la CNOPS (CMAM) représentent 5% contre 6,37% à la CNSS. Les cotisations des fonctionnaires sont plafonnées à 400 DH. A la CNSS, il n’y pas de plafond. A salaire égal, un cadre du secteur privé paierait 5 fois plus que le fonctionnaire. Le retraité de la CNSS cotise à 4.52%, contre 2,5% pour l’adhérent à la CNOPS. Par ailleurs, les taux de remboursement de la CNOPS (90%) sont supérieurs à ceux de la CNSS (70%). Par contre, les taux de remboursement de la CNSS sont inférieurs en cas de maladies chroniques.
Selon les CNS, les dépenses de la CNOPS représentent le double de celles de la CNSS. Par conséquent, elle est déficitaire alors que la CNSS, excédentaire avec plus de 24 milliards de DH en 2016, dépose ses excédents auprès des banques, au lieu d’offrir des prestations égales à celles de la CNOPS.
Cela dit, l’égal accès, étant affirmé par la Constitution, les deux systèmes doivent être unifiés à tous les niveaux.

Pourquoi les mutuelles et des assurances continuent-elles à servir la couverture médicale de base et n’ont pas encore basculé vers les complémentaires ?
Les mutuelles, les caisses internes (OCP, ONEE, CMIM, RAM, etc.) et les assurances privées, considérées par l’article 114 du Code de l’AMO, comme gérant provisoirement la couverture médicale de base, ne partagent presque rien entre elles et encore moins avec le Code de l’AMO à part le mot « obligatoire ».Chaque organisme détermine seul ses règles de gestion, ses tarifs, ses taux de cotisation, de remboursement ou de prise en charge qui sont très différents les uns des autres. Les assurances, elles, recourent à l’exclusion des maladies antérieures à l’adhésion et imposent des plafonds de remboursement très vite atteints pour les petits salaires. Cette situation provisoire dure depuis 17 ans et aucun gouvernement ne semble s’en préoccuper.

-        Jeté au fond des tiroirs du gouvernement depuis près de trois ans, le projet de loi relatif à l’AMO des parents est très controversé et il est enfin proposé à la discussion au sein de la deuxième chambre. Pourquoi ce texte ne fait-il pas l’unanimité ?
Le Gouvernement veut rendre obligatoire la couverture des parents aux seuls fonctionnaires, alors que dans le Code de l’AMO, elle était facultative et concernait également les travailleurs du secteur privé. Ces derniers s’en trouvent définitivement écartés. En effet, le projet de Loi 63-16, composé d’un seul article, a pour unique mission de rendre la cotisation obligatoire pour tous les fonctionnaires et les retraités du secteur public, qu’ils aient des parents décédés, retraités ou couverts par une assurance au Maroc ou à l’étranger. Or même s’il y a quatre enfants fonctionnaires de deux parents déjà couverts, ils paieront tous les six de nouvelles cotisations. D’autre part, les retraités, dont la moyenne d’âge est de 67,3 ans et l’espérance de vie de 76,1 ans, doivent cotiser pour des parents pour la plupart décédés alors que leurs pensions figées ont été érodées par l’inflation, depuis plusieurs années. Par ailleurs, selon les données fournies par certains organes de presse début mai, le chiffre de 100.000 parents est avancé. Il a été doublé par le ministre, le 10 juin 2019, devant la Chambre des Représentants. Rapporté à 35 millions d’habitants, le taux de couverture global de la population va s’améliorer d’à peine 0,6%. 
Faut-il rappeler que l’enveloppe financière annoncée, 6 milliards de DH peut financer l’AMO de toute la population âgée de plus de 60 ans, qu’elle soit citadine ou rurale, soit 3,4 millions d’habitants ou 10% de la population totale puisqu’elle dépasse le total des cotisations perçues en 2017 par la CNOPS, soit 4,9 milliards de DH.
Malheureusement, aucune étude actuarielle, démographique ou financière n’a été présentée. Ce qui n’est pas de nature à instaurer plus de confiance dans les relations avec le Parlement, les syndicats signataires du dialogue social et l’opinion publique. D’ailleurs, selon certaines sources, l’objectif réel du Gouvernement serait de combler le déficit financier de la CMAM, (ex CNOPS). Sauf qu’il ne veut pas le reconnaître officiellement et maintient sa position contre vents et marées, en traitant les opposants d’enfants indignes ou maudits. En conséquence, la grogne est en train de monter chez les fonctionnaires contre les nouvelles cotisations qui vont réduire le pouvoir d’achat que les dernières augmentations salariales étaient sensées améliorer.

-        Qu’en est-il de l’AMO pour les étudiants ?
L’extension de l’AMO aux étudiants, en 2015-2016, ne bénéficiant pas de la couverture médicale de leurs parents, n’a permis l’amélioration du taux de couverture sanitaire globale que de 0,09%, puisque des 288.000 bénéficiaires ciblés à son lancement, ils ne sont que 32.621 à être assurés trois années plus tard, soit 11% de l’effectif ciblé. Mais ce n’est pas avec les taux de couverture des étudiants (0,09%) et celui des parents de fonctionnaires (0,6%) que le Maroc va atteindre la Couverture Sanitaire Universelle en 2030. Le rythme de ces petites réformes est extrêmement lent.

-        Pourquoi le régime des indépendants et des travailleurs non-salariés bloque ?
Les travailleurs non salariés représentent 55% de la population active et un tiers de la population bénéficiaire totale. Adoptés par le Conseil du Gouvernement, le 7 janvier 2016, les deux projets de lois relatifs à la couverture médicale (loi n° 98-15) et la retraite (loi n° 99-15), n’ont été adoptés par le Parlement que le 13 juillet 2017 et le 21 décembre 2017. Quatre Décrets d’application des deux lois ont été publiés en janvier 2019. Mais les revenus forfaitaires de chaque catégorie ou sous-catégorie de chaque profession continuent de faire l‘objet d’âpres négociations bloquant l’entrée en vigueur effective du régime. Aussi le système de retraite proposé ne semble-t-il pas attractif en raison de coûts et de rentabilité. Force est de rappeler qu’en 2017 et en 2018, la CIMR a signé de nombreuses conventions, destinées à la couverture retraite des professions libérales comme les médecins dentistes, les architectes, les vétérinaires, etc. Pour ce qui est de l’AMO des indépendants, gérée par la CNSS, elle est totalement étanche par rapport aux travailleurs salariés. Ce qui fait qu’il n’y a aucune solidarité entre les deux catégories. Cela dit, les textes semblent contenir en eux-mêmes les germes du blocage comme l’obligation d’adhérer à l’AMO et à la retraite en même temps (de nombreux indépendants n’ont pas les moyens de cotiser aux deux régimes), ainsi que la délégation aux ordres et aux associations professionnelles de la mission d’assujettissement, pourtant assurée par la CNSS pour les salariés du secteur privé, etc.
L’évidence est que les blocages cités ci-dessus semblent profiter aux compagnies d’assurances dont la population assurée a été multipliée par quatre, depuis la mise en place de l’AMO. Cette progression est supérieure à celle de la CNOPS et de la CNSS. Mais le silence de la Fédération des Assurances, face au risque de perte de CA, en milliards de DH, en cas de généralisation effective de l’AMO, est là pour confirmer que l’AMO des indépendants ne verra pas le jour de sitôt, voire dans une décennie au moins.
En somme, le projet de généralisation de la couverture médicale de base a été détourné de ses objectifs d’universalité, d’égalité et de solidarité. Mais une question taraude les observateurs : pourquoi les médecins n’ont pas de mutuelle alors que les avocats en ont une ?

Qu’en conclure ?
Dans tous les cas, les 60 milliards de DH dépensés, annuellement,(base 2018) dans la santé ne bénéficient pas de la même manière à tous les citoyens et ne sont pas utilisées de manière efficiente entre soins préventifs et soins curatifs, l’AMO et le RAMED, villes/campagnes, hommes/femmes. Par ailleurs les tarifs de certains actes médicaux et médicaments sont plus chers au Maroc qu’en Europe. Pour ce qui est de la fracture sanitaire territoriale, on peut dire qu’elle est très forte. Dans les déserts médicaux, la population souffre cruellement du manque des ressources humaines médicales et paramédicales, alors que la loi 131.13 relative à l’exercice de la médecine, a verrouillé hermétiquement les possibilités de recourir à des médecins étrangers (articles 27 à 32), pendant que le pays manque cruellement de praticiens (11000 selon l’Etat et 22 000 selon l’Association des Cliniques Privées (ANCP) et que des médecins marocains s’expatrient.
Pour finir, dans le contexte actuel de l’incroyable débat autour de la médecine libérale au Maroc, des grèves, des sit in, des procès en diffamation, des échanges houleux entre M. Chorfi et l’ANCP lors des Assises de la Fiscalité et des répercussions de tout ceci sur l’image des cliniques privées et par ricochet des médecins ; devant également la qualité des « arguments » échangés entre les étudiants en médecine des secteurs public, privé, fondation, autour des concours du résidanat et d’internat et en attendant qu’une loi déverrouille le numérus clausus comme ça a été le cas récemment en France, la Loi 131-13 doit être, urgemment, amendée pour permettre le recrutement de centaines de médecins étrangers, dûment qualifiés, comme c’est la cas partout dans le Monde, en vue de soigner les citoyens des 25 provinces sur 75, ne disposant d’aucun médecin libéral. Les « débats » entendus sur l’axe Casablanca- Rabat semblent provenir d’une autre planète aux habitants des régions déshéritées.

Bon à savoir
•     La part des dépenses totales en santé, dans le PIB, a enregistré une baisse en passant de 6,2% en 2010 à 5,8% en 2013. Elle représente un niveau inférieur à celui de la moyenne des 194 pays membres de l’OMS qui est de 6,5%.
•     La part du budget de la santé dans le Budget Général a baissé, en 2013 (4,8%) contre (5,5%) en 2010, alors que l’OMS recommande au moins 12%.
•     La part de l’Etat dans les dépenses totales n’a jamais dépassé les 25%. Or, selon l’OMS, la CSU ne peut aboutir sans une augmentation importante des fonds publics, grâce notamment aux financements innovants
•     Depuis 1997/98, la structure de financement n’a connu qu’un léger changement. En 2013, elle est financée par le paiement direct des ménages à 50,7%, les ressources fiscales avec 24,4%, la couverture médicale à 22,4%, les employeurs à 1,2%, (la coopération internationale : 0,6%, les autres sources : 0,7%).
•     Selon les CNS, le cumul des contributions des ménages entre celles directes (50,7%) et indirectes liées aux cotisations à l’AMO (12,6%), fait des ménages avec 63,3%, le premier contributeur du système national de santé.
•     Ce taux n’a pratiquement pas varié depuis la publication du Code de l’AMO en octobre 2002. Il s’est même aggravé en passant de 61,9% à 63,3% entre 2010 et 2013 selon les CNS. Mais pour l’OMS, les dépenses directes des ménages sont 59,2% et non pas 50,7%. Par conséquent, la contribution totale des ménages est de 71,8% et ce dans une totale asymétrie entre le médecin et le patient et sans aucune régulation. Les instances chargées de l’éthique du contrôle, et de la fabrication normes réglementaires n’existent pas encore au Maroc
•     Pour l’OMS et la Banque Mondiale, le Maroc a la plus forte dépense des ménages parmi les pays de la zone MENA et la région méditerranéenne.



mardi 1 octobre 2019

القانون المغربي و التغطية الصحية الشاملة


القانون المغربي و التغطية الصحية الشاملة 

بقلم الطاوجني سعد




تعطي المنظمة العالمية للصحة أهمية خاصة للتشريع، كعنصر أساسي في  تعميم التغطية الصحية الشاملة في أفق سنة 2030 والتي وقع عليها المغرب مؤخرا،  وذلك لضمان حقوق المريض والطبيب معا و لحكامة  أحسن و نجاعة أفضل وسلامة أمتن   وكذلك لمعالجة المخاطر المالية الناتجة عن مصاريف  المرض، خاصة  عند الأسر الفقيرة لكي لا تصير أكثر فقراً بعد مرض أحد أفرادها.

إلى أي حد يساير التشريع المغربي تلك التوصيات؟

مازال الميدان الطبي محكوم بـظهير الالتزامات والعقود الصادر سنة 1913، مع أنه  لم يُشر فيه إلى مصطلح "الطبيب" إلا مرة واحدة (المادة 388: التقادم في سنتين) و لم يتضمن كلمة "مصحة" على الإطلاق،  في حين تمنح المادة 1248 الرتبة الثانية لنفقات المرض بين الديون الممتازة.
علاوة على ذلك، فإن مدونة أدبيات الطبيب (Code de la Déontolgie)، و التي أقرتها الحماية الفرنسية لأول مرة في سنة 1953 ، لم  يتم  تعديلها لحد الآن،  فهي تقوم على مبدأ "الأبوية الطبية" (لقاء ثقة المريض بضمير الطبيب) ولا يزال فيها الحديث  عن الاتفاق المباشر بين المريض والطبيب بخصوص  الرسوم (أو الأتعاب) (المادة 5)، رغم عدم تكافؤ المعلومات بين الاثنين، فالطبيب هو الواصف والمحدد للأتعاب.
للتذكير ، غيرت فرنسا  مدونتها أربع مرات بين عامي 1947 و 1995 وفرضت على الأطباء احترام المعايير و المراجع والبروتوكولات الطبية المتفق عليها مع الجمعيات العلمية الطبية المختصة. و أقرت بتعريفة موحدة وأنشأت عدة مؤسسات لمراقبة تطبيقها، وساير الاجتهاد  القضائي والفقه القانوني هذا التغيير.
غياب مؤسسات المراقبة  
لا يتوفر المغرب لا على المجلسِ الوطني الأعلى للصحة، (على نقيض ميادين أخرى كالتعليم والقضاء) ولا على اللجنة الوطنية  للأخلاقيات (Ethique). فهاتين الهيئتين الجوهرتين لم تر النور بعد كباقي المؤسسات الأربعة الأخرى  والمكلفة باليقظة والأمن الصحي والجودة والتقويم والاعتماد (Accréditation) المنصوص عليها في القانون 34.09 المتعلق بالمنظومة الصحية الصادر سنة 2011. فكل النصوص التنظيمية المتعلقة بها لم  تخرج بعد حيز التنفيد. في غياب هاته الهيئات الإستراتيجية الستة ، صار المجلس الوطني لهيئة الأطباء (CNOM) يستعيضها جميعا، مع العلم أنه يفتقد للموارد المادية والبشرية الكافية، مما يجعل دوره مرتبك بين ما هو تأديبي (مهمته الأولى) وما هو استشاري أو نقابي محض، وهذا الدور الأخير هو الذي يطفو الآن أكثر.


غياب معايير السلامة و الجودة 
وأخيراً، من الضروري إصدار النصوص التنظيمية التي ترتبط بكل القوانين المنظمة بالصحة وتمويلها، المنشورة مند سنين، وعدم انتقاصها من مبادئها الأساسية: المساواة والإنصاف والتضامن والإجبارية... كما وقع مع مدونة التأمين الإجباري عن المرض التي أفرزت نصوصها التنظيمية فوارق عدة بين شغيلة القطاع الخاص و القطاع العام  في  نسبة الاشتراك وسقوف التحملات ... 

والجدير بالذكر أننا نلاحظ غياب شبه تام لمعاييرٍ تُنظم سلامة المرضى ونوعية الرعاية والجودة والاعتماد.
إن قرارات وزير الصحة الخاصة بالمعايير التقنية للعيادات (2 نوفمبر 2000)، ومراكز غسل الكلي (27 فبراير 2003)، والمختبرات (19 أكتوبر 2005)، لم تلمح إلا نادرا   للمعايير الطبية الخاصة بالسلامة والنظافة والجودة والاعتماد.

في المقابل توجد إشارة إلى معايير الجودة بشكل مختصر في  المادة 60 الشهيرة في القانون 131.13 المتعلق بمزاولة  مهنة الطب،  والتي تهتم  أساسا  بموضوع فتح رأس مال العيادات الخاصة لغير الأطباء: " تحدد بنص تنظيمي  الضوابط المرجعية  للجودة الواجب التقيد بها في تقديم  العلاجات". و قد يعتقد البعض أن هذه المعايير موجهة فقط للعيادات المملوكة لغير الأطباء. وكان وزير الصحة  السابق السيد الوردي قد صرح أن  المعايير لن توضع إلا بعد تأسيس  الهيئة المختصة. لحد الآن لا زال القضاء المغربي  ينتظر أن يجود المشرع ببعض المقتضيات  في هذا المجال.

إلى يومنا هذا لم تنجز بعد مدونة شاملة للطب أو الصحة أو المسؤولية الطبية . مما يجعل الخبرة الطبية والعقوبات المنصوص عليها  في الفصلين 432 و 433 من القانون الجنائي ل«عدم مراعاة النظم أو القوانين» غير مستقرة أو منسجمة. فعلى الحكومة وضع معايير متعارفا عليها ونشرها في الجريدة الرسمية لتصير إلزامية لجميع المتقاضين.
إن وجود المعايير يقلل من عدد ضحايا الحوادث الطبية واللجوء  المتزايد  للقضاء لتحميل المسؤولية للطبيب. كذلك  العيادات المعتَمَدة والمتوفرة على معايير الجودة ستستفيد من  تقدير ايجابي من القضاء وشركات التأمين ويكون دفاعها دو  حجج ودلائل وازنة.

لمواجهة هذا الفراغ القانوني والمؤسساتي المثير للجدل، شرع كل من المجلس الوطني للهيئة الوطنية للطبيبات والأطباء (CNOM) والتجمع النقابي الوطني للأطباء المختصين في القطاع الخاص (CNSMSPفي  تقديم مشروعي قانونين على التوالي لتعديل مدونة الأدبيات و لتنظيم المسؤولية الطبية  لأول مرة. 
 حتى لا تصير الأمور إلى ما ٱلت إليه خلال مناقشة القانون المتعلق بمزاولة  مهنة الطب سنة 2015، حيث تم تركيز انتباه الإعلام والرأي العام على "خطر" فتح ملكية العيادات للشركات المكونة من غير الأطباء، فمن الضروري إشراك جميع فصائل المجتمع و  إعطاء الاهتمام الكافي للأحكام الأخرى المتعلقة بحقوق المريض وسلامته (فقرتين فرعيتين من المادتين 2 و 60 من أصل  124 مادة) والتكوين الإلزامي المستمر للأطباء و التعرفة  والمواضيع الجوهرية المشار إليها في هذا المقال.

نقص حاد في الموارد البشرية
ـ  حد القانون 131.13 من إمكانية اللجوء أو الاستعانة بالأطباء الأجانب وحتى بالأطباء  المغاربة المقيمين خارج الوطن، حيث تعد المواد 27 إلى 32 جد صارمة في هذا الصدد، في حين تفتقر البلاد بشدة مقلقة إلى الأطباء (ما لا يقل على32000) مع العلم أن فئة لا بأس بها منهم   فضلت الهجرة في الآونة الأخيرة.
ـ بالنظر إلى الضرورة الملحة إلى الأطباء، وإلى حين فتح سقف الأعداد المسموح لها بدراسة الطب في المغرب (Numerus clausus ) !!!، يجب تعديل النص للسماح باستقدام أطباء أجانب كما هو الحال في جميع أقطار العالم،  مؤهلين حسب القواعد الجاري بها العمل في المغرب، وتشغيلهم في الأقاليم (الخمسة وعشرون) التي تفتقر لأدنى طبيب خاص.

المسئولية المهنية الطبية
يبدو أن إلزام الأطباء  بالتأمين عن هذا الخطر ، الذي تم علاجه في  القانون 131-13 بشكل مقتضب وموجز جداً، تتجاهله  شركات التأمِّين، لأنه غير مدرج في قانون التأمينات ليصير إلزاميا بالنسبة إليها  ولعدم وجود أي سلطة مراقبة، لذلك نجد أن  أكثر من  ثلثي  الأطباء لا يتوفرون عن هذا التأمين رغم كونهم من أكثر المهن  تعرضا للمتابعات القضائية.
حتى في مشروع المسئولية الطبية المقدم من طرف التجمع النقابي الوطني للأطباء المختصين، ستظل أملاك وأرصدة الأطباء مهددة بالحجز عندما تكون التعويضات التي يقرها القاضي أعلى من حدود التغطية التأمينية (المادة 28).
مسبقا ، وحتى لا تُضر مصالح  ضحايا الحوادث الطبية أو الأطباء ، فمن الضروري إعداد دراسة  مستقلة و معمقة  لنواقص  القانونين المتعلقين بتعويض ضحايا حوادث السير (1984) وحوادث الشغل (2014)  فالتعويضات فيها هزيلة جدا و غير منصفة ولم تُحَين منذ إنزالها ولا تساير الإرتفاع المهول للتكاليف ، في حين سجلت نسبة هوامش ربح شركات التأمين ارتفاعا جاوز 25 ٪ سنة 2017، كما جاء في تقرير هيئة مراقبة التأمينات والاحتياط الاجتماعي  (ACAPS)، وهي  دركيُ القطاع.

حاليا، يتحمل المرضى والتعاضديات التكاليف الإضافية الناجمة عن الحوادث الطبية.

من المرغوب أن تشارك فعاليات المجتمع المدني مع الأحزاب و النقابات و ممثلي الأطباء والمصحات لتوحيد الرؤيا في مناقشة كلا المشروعين  لياخدا في الحسبان تطور الممارسات الطبية والعقليات والتشريعات (الوطنية والدولية) والفقه  والاجتهاد القضائي والتقنيات والتسعيرة و الثالث المؤدى عنه وافتتاح رأسمال العيادات والإنترنت ....

لكي يستفيد البلد من النقاش المتعلق بهذين المشروعين يجب أن يكون ديمقراطيا وبناءاً و أن تحتل حقوق المريض، "الممثل الرئيسي لصحته" مكانة مركزية، باسم احترام المبدأ الدستوري للحق في الحياة والكرامة و أن تكون أسس هذين النصين مبنية على المبادئ التالية:
ـ التزام الطبيب بإعطاء معلومات واضحة ونزيهة ومناسبة ومفهومة في جميع مراحل الفحص والعلاج والاستشفاء؛
ـ الموافقة المستنيرة للمريض أو من ينوب عنه (Consentement éclairé ؛
- إخضاع الملف الطبي  لقانون  تنظيمي حتى يكون مستوفيا لمعظم المعلومات الضرورية مع تأكيد  حق المريض في الوصول  إليه؛
- إقرار تسعيرة عادلة ومناسبة يمكن مقارنتها مع الدول المجاورة وحتى الأوربية منها. 

الطب ليس تجارة ولكنه يعرف فوضى  في التعريفة : المقاربة   المغربية الغريبة 


لا يتضمن القانون 131-13 ومدونة التأمين عن المرض أحكاما عامة أو مبدئية تُنظم التحرير المفرط للتعريفات. فالتسعيرة المرجعية الوطنية (TNR)  المُؤطرة في مدونة التأمين الإجباري عن المرض لا تُلزم إلا الصناديق المُسيٍرة (CNSS) و (CNOPS) أي 20% من الساكنة. كل منظمات التأمين الأخرى، حوالي  أربعين، لديها تعريفات أو ممارسات مختلفة.  وكل مريض غير مؤمن يفاوض الأتعاب. والنتيجة هي "سوق" تجارية  غير منظمة خلافا للمبدأ الأساسي للقانون:الطب ليس تجارة. للتذكير فرنسا تتوفر على تعريفة موحدة إلا لمن أراد أن يكون خارج الاتفاقية  ولكنه  ملزم بالتصريح  بالمبلغ الحقيقي المسدد.

ومن المؤكد أن تسعيرة الإنعاش (1500 درهم) في التسعيرة المرجعية الوطنية والتي لا تهم  جميع الساكنة  تتطلب المراجعة (إذا ما كان قسم الإنعاش موافقا للمعايير المتعارف عليها ولتصنيف منهجي مراقب ومفتوح طوال السنة). في المقابل، ينبغي تعديل بعض التعريفات الخاصة بالأمراض المزمنة ، لأنها أكثر تكلفة للمغربي منه للأوروبي.

تعريفة حوادث الشغل يحددها في المغرب وزير الشغل وتختلف عن التعريفة المرجعية  التي يقرها وزير الصحة وتقل عنها بحوالي 40%. لا أحد يقدر أن يفسر كيف يمكن قبول هذا التمييز  التعريفي حتى ولو أجريت عمليتان لمرض ناتج عن حادثة شغل أو مرض أو  أسباب أخرى من نفس الطبيب و في نفس المصحة و بنفس الأسلوب. المنظمات المهنية لا تشجب كثيرا هذا التمييز. (سعر الاستشارة لدى الطبيب العام  هو 40 درهم في 2019 !) 

لم يُأطِّر القانون 131-13  الممارسات  السلبية و المُضرة  لبعض العيادات أو "المهنيين"  في مجال  تسعيرة  الأعمال الطبية والفوترة والتي  يشتكي منها المرضى ومديرو صناديق التأمين على حد سوى. هذه الأحداث استغلتها بعض الأطراف والأقلام لتلفيق وصمة عار على  مهنة الطب بأكملها.إن هذه الممارسات ترهن تطور الاستثمارات الطبية (الأجنبية أو الوطنية)  و التعاون مع منظمات التأمين الصحي  الأجنبية  وخاصة  لدول  جنوب الصحراء وتحد كذلك من نمو السياحة الطبية وتبعد كل يوم المغرب  عن الطب الاجتماعي الذي كانت  ولفترة طويلة مصحات الصندوق الوطني للضمان الاجتماعي  نموذجه المثالي.


فرغم مرور أكثر 17 سنة عن نشر المدونة لازالت نسبة التغطية الصحية لا تتعدى ثلث المغاربة و لم تشمل بعد الأطباء! لكن لازال سؤال يؤرق المراقبين: لماذا لا يتوفر الأطباء على تغطيتهم الصحية وهم أدرى بشعابها، في حين يمتلكها المحامون ؟ 

ومن أجل تقليص اللجوء المتزايد للقضاء  وخاصة المسطرة  الجنائية ، يجب على المغرب اعتماد قانون ينظم المسؤولية الطبية ويوفر آلية قانونية للوساطة، يقودها قاض مختص، يساعده خبراء مكونين ، وأن يكون جدول جبر الضرر منصفا  والبرمجة الزمنية ملزمة، خاصة في حالة نجاح الوساطة التصالحية، مع دعائر زجرية مقنعة.

ختاما، لا يمكن للسلطات أن تترك نصوصًا قديمة وغير مناسبة  تنظم النشاط الطبي، و هي لا تحمي أياً من المرضى أو المهنيين الصحيين ، تاركة الباب مفتوحاً على مصراعيه أمام عدالة عرضية و اجتهاد  قضائي غير متناسق في مجال المسؤولية المدنية الطبية وتعويضات متفاوتة للضحايا. 

mardi 23 juillet 2019

MOATINE du 20/07/2019. Interview de Taoujni Saad au sujet de la Couverture Sanitaire Universelle










https://youtu.be/sDLYiOxJnsk

بحضور خبراء ومهنيين.. التجمعيون يشخصون مشاكل الصحة ويقدمون بعض الحلول لتجاوزها

عبد القادر الفطواكي

ناقش حوالي 800 من مهنيي قطاع الصحة بالمغرب، عدد المشاكل التي يتخبط بها هذا القطاع الحيوي، وذلك بمناسبة انعقاد الملتقى الأول لمنظمة مهنيي الصحة تحت شعار " مسار الثقة من أجل حكامة جيدة لقطاع الصحة"، المنظم من طرف منظمة مهنيي قطاع الصحة لحزب التجمع الوطني للأحرار، اليوم السبت 20 يوليو بالرباط
الملتقى الذي شهد مشاركة رئيس حزب التجمع الوطني للاحرار عزيز أخنوش، وعدد من اعضاء المكتب السياسي للحزب، شهد تنظيم مائدتين مستديرتين، خصصت الأولى التي نشطها كل من بروفيسور نجمي هشام، عضو المجلس الوطني، والأستاذ سعد الطاوجني، المستشار والخبير الدولي في السياسة واستراتيجيات الصحة والتغطية الصحية، والقانون الطبي، بالاضافة إلى توفيق كميل رئيس فريق التجمع الدستوري، والدكتور المتخصص في طب وجراحة العيون جمال الشهبي، (خصصت) لمناقشة وتقييم بعض من إشكالات قطاع الصحة بالمغرب وتقديم عددا من المقترحات لمعالجة بعض الاعطاب وتقويم بعض الاختلالات، كما شهدت هاته المائدة تقديم عدد من العروض الخاصة بواقعي الصحة والتغطية الصحية، حيث سرد عدد من الخبراء والمهنيين المشاكل التي يعيشها القطاع على مستوى المؤسسات الصحية، والتغطية الصحية وعلى مستوى القوانين والتشريعات المرتبطة بالقطاع، مع طرح عدد من الحلول
فيما تطرقت المائدة الثانية لمسار "الثقة من أجل حكامة جيدة لقطاع الصحة"، التي ظل حزب الحمامة يضعها ضمن أولوياته الى جانب كل من التعليم والتشغيل، حيق نشط فقراتها كل من الدكتورة نبيلة الرميلي، رئيسة منظمة مهنيي قطاع الصحة لحزب التجمع الوطني للأحرار، والدكتور عثمان الهرموشي، نائب رئيسة المنظمة الوطنية لمهنيي الصحة، بالاضافة إلى الدكتور السويح مصطفى، طبيب اختصاصي في جراحة الانكولوجيا ورئيس قسم سابق لقسم الانكولوجيا بالمنطقة الشرقية، سناء مريمي، ومحمد بلقادي وهما طبيبين عاميين، محمد القباج، عضو المكتب السياسي. خصصت لتشخيص واقع الصحة وتقديم حلول ملموسة للنهوض بقطاع يمس المواطن بصفة مباشرة