mardi 30 juillet 2019

Le règne de Mohamed VI : technocratie et mondialisation.


Article publié par le Maroc Diplomatique de juillet/ août 2019

Il convient  de rappeler que durant les années 70-90, les Marocains avaient développé un  complexe d’infériorité devant les réalisations économiques de la Tunisie. Actuellement, le Maroc est cité en exemple par les institutions et les experts internationaux comme laboratoire d’un modèle de développement, sans gaz ni pétrole, digne d’intérêt. Il s’agit également, ici, de bousculer quelques idées reçues diffusées par certains  économistes et analystes n’ayant pas encore admis que les règles du jeu  du modèle économique libéral dominent partout y compris en Chine. Certes  la mondialisation a  généré des inégalités inadmissibles, aggravées depuis 2016  par la nouvelle administration américaine, mais il s’agit d’un fait/défi que même l’Union Européenne (et ses 28 membres) peine à résoudre.
Dans le contexte d’une mondialisation en mutation et d’une économie mondiale en souffrance, cet article tente d’expliquer la méthode marocaine à travers deux exemples et d’essayer d’établir un bilan à  deux colonnes (actif et passif)
Un exemple de gestion d’un projet structurant: le tramway de Casablanca 
En mai 2009, avant le lancement des travaux de construction de la ligne 1 du tramway de Casablanca, soit  trois ans et demi avant, la date de son inauguration était annoncée. Le 12/12/2012 ce fut chose faite. Un réseau de transport en commun en site propre de 31Km dans une grande métropole est opérationnel le lendemain. Le budget initial de 6,4 milliards de DH n’a pas été dépassé non plus!
Pourtant, le monde a connu, de 2007 à 2012, des bouleversements majeurs d’une rare violence : la récession économique liée à la crise bancaire et financière mondiale de 2008, électrochoc consécutif à la crise des Subprimes aux USA en 2007. La crise a été suivie de menaces sérieuses  sur la Zone Euro, particulièrement au Portugal, Italie, Irlande, Grèce, Espagne. Ces pays ont prêté  le flan à des spéculations  sur leur  dette souveraine. Pour faire face aux conséquences de la crise des subprimes, les banques centrales européennes et américaines ont dû injecter des centaines de milliards de Dollars et d’Euros. Au total, le FMI estime que la crise des subprimes aurait coûté aux seules banques quelques 2200 milliards de Dollars.

Cette crise, ayant impacté négativement le commerce mondial de 20% et fait entrer  la plupart des  pays en récession, a engendré aussi de très fortes variations  sur les prix des matières premières (faisant baisser les recettes d’exportation de certains pays). Surtout, début 2008,  des  spéculations éhontées des bourses  occidentales sur les produits alimentaires ont entrainé de très fortes hausses des prix des produits de première nécessité. Les pays ne disposant pas de caisses de compensation ont répercuté les hausses directement  sur les prix à la consommation, entraînant parfois des émeutes. Les fortes turbulences du « Printemps Arabe » s’expliquent en partie par la hausse excessive des prix de la farine, du sucre, de l’huile, du riz, etc. M. Robert B. Zoellick, Président de la Banque Mondiale a demandé, en juillet 2008, au G8, d’agir vite pour répondre à cette « catastrophe artificielle »
Ainsi, en plus de la gestion des répercussions financières de la crise mondiale sur ses indicateurs macroéconomiques (baisse du taux de croissance suite au ralentissement de l’activité chez les partenaires), le Maroc devait assurer l’approvisionnement régulier des marchés en produits alimentaires et devait aussi, après de nombreux mois de manifestations du Mouvement du 20 Février et de tractations politiques, élaborer   une nouvelle Constitution, adoptée par référendum et  suivie d’élections législatives ayant abouti à la victoire du PJD et à la nomination de son Secrétaire général comme Chef de Gouvernement.

En dépit de tous ces aléas nationaux et internationaux, Casablanca a eu son tramway le 12/12/2012. Les autoroutes   d’Agadir et  d’Oujda, le Tramway de Rabat-Salé ont été également livrés,  en 2010/2011, en pleine crise mondiale.
Il s’agit d’une nouveauté dans la gestion des projets, peu commune dans nos contrées : la gestion du délai de réalisation, en plus des autres facteurs, dans un contexte qu’aucun stress-test même le plus pessimiste n’aurait prédit. Pour respecter les délais, le Maroc devait maîtriser l’ingénierie des projets urbains d’une grande complexité et prendre en compte de très nombreux paramètres politiques, juridiques, institutionnels, financiers, techniques, écologiques, technologiques, topographiques, circulation alternative, tarif, etc.
Les autres méga projets: Tanger- Med, le plus grand port d’Afrique, le port gazier de Marchica, les aménagements des 16 aéroports internationaux du Maroc, des 38 ports, le TGV, le projet d’électricité solaire NOUR. Le réseau autoroutier est passé de 400 Km en 1999 à 1839 Km en 2018 pour un coût global de 40 milliards de DH. L’électrification rurale quasi totale, la fourniture des villes en eau potable, les stations d’assainissement liquide des grandes métropoles, les 700 Km de voies express constituent d’autres exemples de réalisations. Des villes nouvelles ont été construites à Tamansourt, près de Marrakech, Tamesna, à côté de Rabat,  Chrafate, aux portes de Tanger,  et Lakhyata, au sud-ouest de Casablanca,  Zenata au nord-est de Casablanca, etc. 
Le Maroc a également investi des sommes colossales dans les provinces du Sud et les régions du Nord, notamment à Tanger, métamorphosée, dans l’aménagement de la vallée du Bouregreg, de Marrakech, Agadir, Oujda, Fès, Tétouan, etc. Les corniches des principales villes côtières ont été réaménagées, des marinas ont vu le jour. Les quatre lignes  de tramway à Casablanca et Rabat-Salé totalisant 66,5 km en ont profondément modifié le paysage urbain. 
Un mécanisme de financement en dehors des lenteurs du Budget de l’Etat, le Fonds Economique et Social Hassan II,  a joué un rôle central dans la réalisation des projets en finançant l’apport de l’Etat dans le montage global.
Dans les pays de la région (et au Maroc des années 70-90) le principal constat des organismes internationaux de développement concernait la légèreté des dossiers, la faisabilité improbable des  projets, le non respect des délais de réalisation (deux à trois ans de retard) entraînant le renchérissement des coûts des  projets dont  le budget initial se trouvait  multiplié par 2 ou 3,  sans parler de la perte des recettes d’exploitation. Le Maroc n’a pas toujours su utiliser ces financements. Selon le HCP,  « Les dépenses d’équipement sont passées de près de 15 milliards de DH par an durant les décennies 80 et 90 à une moyenne annuelle de 32 milliards de DH durant la décennie 2000, avec une accélération pour atteindre près de 42 milliards par an depuis 2007 » Elles seront de 47 MMDH en 2020. En 20 ans les investissements du Budget  Général ont atteint  plus de 700 milliards de DH.
Par ailleurs, il est important de rappeler que les équipes de projets étaient composées essentiellement de brillants cadres et ingénieurs marocains, menés par certains ministres technocrates, des patrons d’entreprises publiques et privées, d’agences (TMSA,…), et qui ont anticipé avec leurs partenaires étrangers la plupart des difficultés pouvant bloquer ou retarder la réalisation de projets de cette envergure. Cette méthode est la même depuis 20 ans, malgré le fait que cinq  gouvernements se soient succédé. Donc, il y a là l’empreinte d’un leadership et d’un management technocratique inédit, moderne utilisant avec efficience  les aides et les prêts à taux réduits octroyés par les banques: mondiale, arabe, africaine, islamique, européenne … de développement.

Un exemple  de politique sectorielle : le Maroc 1er producteur d’automobiles en Afrique
Le protectionnisme des années 80/90 ayant échoué, le Maroc devait prendre le pari risqué  de s’ouvrir à la mondialisation,  équation difficile pour un pays, émergent à faible revenu  (40 milliards de Dollars pour 28,5 millions d’habitants, en 1999) presque insulaire, ayant un marché intérieur  étroit et un tissu industriel rudimentaire et inadapté, un taux élevé d’analphabétisme et de chômage. Le Maroc exportait des produits à très faible valeur ajoutée et l’intégration régionale promise par l’UMA n’a pas eu lieu.
Pour s’intégrer à la mondialisation, il y a eu la  mise en application en mars 2000 de l’accord d’association avec l’Union Européenne, puis le « statut avancé » en 2008, ainsi que la signature de l’Accord de Libre Echange (ALE) avec les USA en avril 2004, la Turquie (2006) et l’Accord d’Agadir avec 4 pays arabes (2007). Au total, le Maroc a négocié et signé 56 ALE.
Un autre élément significatif concerne  l’inauguration, à 14 KM de l’Europe, du port  de  Tanger-Med I en 2007 et de Tanger-Med II en  juillet 2019 pour  un investissement global de près de 78 milliards de DH. Il a fallu aussi procéder à la refonte du code des investissements, assurer l’aménagement des zones industrielles ou offshores, mettre sur pied les Centres Régionaux d’Investissements (en 2002),  assurer les plans de formation des ressources humaines nécessaires aux nouveaux métiers monde du Maroc.
C’est grâce à ces outils  que le Maroc est devenu, en 2018, le premier pays producteur d’automobiles en Afrique avec  400 000 unités, les exportations de ce secteur dépassant  actuellement celles des phosphates et ce avant le lancement de la production en juin 2019, de l’usine Peugeot à Kénitra. D’ici  2 à 3 ans, le secteur qui a crée près de 84000 emplois, produira plus de voitures que l’Italie. Egalement, l’aéronautique figure dorénavant  parmi les nouveaux métiers monde du  Maroc. La nouvelle richesse du Maroc vient de cette ingénierie des projets, de la puissance des idées et de la compétence de ses femmes et de ses hommes et non pas de celle liée uniquement à l’exportation des matières premières. Le Maroc a ainsi triplé son Produit Intérieur Brut (PIB) qui est passé de 40 à 120 milliards de Dollars entre 1999 et 2019.
Les autres politiques sectorielles ambitieuses couvrent l’ensemble des domaines de l’économie : agriculture (Plan Maroc vert, pôles agro-industrielles) et pêche (Maroc Halieutis), solaire, éolien, mines, télécommunications, bâtiment, grands travaux, industries, services, dont le tourisme et les technologies de l’information
L’accord Open Sky a été signé par le Maroc avec l’Union Européenne en 2005, bien  avant  celui d’Israël (2012). Cet accord, adossé au Plan Azur (pour la réalisation de six stations balnéaires) et à la Vision 2020, ont permis au Maroc de drainer près de 12,5 millions de visiteurs en 2018 et d’assurer des centaines de milliers d’emplois. La  Royal Air Maroc est très présente dans le ciel africain et soutient encore la concurrence des leaders mondiaux, alors que des pays européens ont perdu leurs compagnies nationales.
La dimension écologique : la première station de production de l’énergie solaire au Monde a été mise en service en 2016 pour couvrir à terme 52% des besoins électriques du pays et réduire la facture des importations des hydrocarbures. Cinq parcs éoliens ont coûté 16 milliards de dirhams, le diesel à 100 PPM a remplacé le 350 ; les tramways de Rabat et de Casablanca émettant moins de CO2, les travaux de reforestation, les voies de contournement des principales villes, la lutte contre l’utilisation des sachets en plastique,  etc. sont autant d’exemples de la nouvelle approche écologique. C’est ainsi que la Maroc s’est vu confié la COP 22 en reconnaissance des efforts fournis dans le domaine

La dimension africaine : « Mon pays partage ce qu’il a, sans ostentation » avait annoncé, le Roi le 31 janvier 2017 au Sommet de l’UA d’Addis-Abeba. Le Maroc a partagé ce qu’il sait faire,  son ingénierie des projets en signant près de 950 conventions avec les pays subsahariens visités par le Roi lors de ses longs périples et portant sur tous les domaines d’activité.
Le projet de Gazoduc océanographique Africain Atlantique pour 25 milliards de dollars devrait créer un marché ouest-africain du gaz naturel, permettant aux 15 pays  traversés d'accéder à ce combustible. Pour améliorer la productivité agricole et favoriser la sécurité alimentaire et le développement rural, des unités de production de fertilisants vont être mises en place avec l’Ethiopie (3,7 milliards de dollars) et le Nigeria (2,5 milliards de dollars). Les projets qui étaient estimés en millions de DH dans les années 90, puis en milliards de DH avant 2010, sont libellés dorénavant en milliards de Dollars.
« Des « champions nationaux » se sont implantés dans de nombreux pays d’Afrique Centrale et d’Afrique de l’Ouest, dans le secteur bancaire (Attijariwafa Bank, BMCE, Bank of Africa, Banque populaire), dans les télécommunications (Maroc Telecom), dans les assurances, dans l’énergie, dans l’agroalimentaire ou dans l’immobilier, mais aussi en Afrique de l’Est (Tanzanie, Ethiopie, et Madagascar) avec les récentes signatures de méga-projets ». (Mémorandum  BM. Op cité. P.29).
La gestion du dossier migratoire grâce à une approche humaniste et des mesures phares ayant permis la régularisation de dizaines de milliers de migrants, a permis au Maroc de co-présider avec l’Allemagne, fin 2018, à Marrakech, la 11ème  édition du Forum mondial de la migration et du développement.
Grâce à sa stratégie africaine, le Maroc, pays émergent sans gaz ni pétrole, s’est invité à la table des acteurs   influents en Afrique en matière économique, militaire, bancaire, énergétique, alimentaire, religieuse, sécuritaire, etc. C’est ainsi qu’il a recouvré sa place au sein de l’Union Africaine après 32 ans d’absence, en menant une bataille acharnée et de main de maître contre les plus grands états africains hostiles.
La stabilité monétaire a été maintenue, le Maroc  s’est même permis  le luxe d’assouplir le régime de change en le flexibilisant légèrement début 2018, et ce grâce à une maîtrise de l’inflation 1,8%  en moyenne et surtout le déficit budgétaire rétabli  à 3,4% en 2017, un taux de croissance moyen de 4,2% dans une conjoncture de crise. La monnaie nationale n’a pas été dévaluée comme ce fut le cas en Turquie ou en Argentine avec de graves conséquences sur le pouvoir d’achat notamment des démunis et des retraités.
Les Investissements Directs Étrangers (IDE)  se maintiennent à des niveaux élevés  depuis 2006, ils sont attirés par «la modernisation des infrastructures, l’amélioration de l’environnement des entreprises et les incitations offertes dans le cadre de la stratégie d’industrialisation du gouvernement» et par les ALE, la stabilité politique, la proximité de l’Europe,  etc. Le Maroc est classé  69e au tableau  « Doing Business » 2018 de la Banque mondiale ». Le rating des grandes agences de notation est stable et  la note du  Maroc rassure les IDE qui continuent d’affluer.
Toutefois, le Maroc devrait mieux maîtriser le niveau élevé de sa dette publique, rapportée au PIB, elle est de 84%, même si elle est aux deux tiers d’origine nationale. La fuite des capitaux pose aussi de sérieux problèmes aux autorités ces dernières années.

L’évasion fiscale est phénoménale puisque toutes les professions libérales, le commerce de gros et les indépendants, ne paient que  11,8 milliards de DH d’Impôts sur le revenu Professionnel. Les représentants syndicaux de certaines catégories professionnelles ne s’interrogent pas sur les sources de financement  des infrastructures (700 milliards  de DH en 20 ans), de la masse salariale de l’Etat (140 milliards de DH par an), des stratégies industrielles, du service de la dette, de la lutte antiterroriste, de l’achat d’armement, de la modernisation des administrations, etc.
Par ailleurs, certains  économistes qualifient  cette politique  de keynésienne parce que les grands travaux sont financés par la dépense publique en période de crise, dont le New Deal est le modèle, sauf  qu’au  Maroc et aux  USA,  les banques ne jouent pas le même rôle : la faible concurrence, les taux d’intérêts élevés ici ne permettent pas de financer efficacement l’économie. La majeure partie de la bourgeoisie traditionnelle marocaine investit essentiellement dans le foncier. D'autre part, les obstacles culturels constituent des freins indéniables à la liberté individuelle  et à l’égalité  notamment genre.

Politiques sociales. Défis majeurs de la 3ème décennie du règne.

La Banque Mondiale, dont le Mémorandum (P.22) n’était pas que négatif, reconnait l’éradication de la pauvreté extrême, une forte diminution du taux de pauvreté, une augmentation de l’espérance de vie et un développement considérable  dans l’accès à l’eau, l’électricité, le transport,  etc.

Toutefois, l’amélioration des indicateurs de la lutte contre la pauvreté et ceux  macro-économiques, restent imperceptibles pour les populations défavorisées, car les  progrès sont encore insuffisants. 

Une question mérite alors d’être posée: où sont  passées  l’ingénierie efficiente  et la méthodologie appliquée aux politiques sectorielles?  Où est le Plan Maroc Social 2030? Les secteurs de la santé et de l’éducation ont besoin de l’ingénierie de Tanger-Med ou du TGV. La réponse est un peu prévisible : « L’accumulation doit précéder la distribution ». Soit, mais maintenant la Banque Mondiale  et l’OMS affirment que la  Couverture Sanitaire Universelle (CSU) permet la réalisation des 17 Objectifs du Développement Durable de l’ONU. L’élément manquant au nouveau modèle de développement est la CSU sur une autre échelle que celle fragmentée et sous financée  des initiatives sociales ciblées et  certes innovantes,  mais dont les effets demeurent  limités. C’est le cas  du Fonds d’Appui à la Cohésion Sociale qui finance  très faiblement le RAMED (1,2  en 2017 à 1,6 milliard de DH en 2019 pour 12 millions de personnes), l’aide aux personnes en situation de handicap, Tayssir (Soutien à la scolarité) et Daam (Veuves en situation de précarité ), etc. Seul l’INDH  bénéficie d’un financement conséquent. Mais pour combien de temps encore ?

En outre, l’absence d’une véritable politique sociale intégrée laisse le champ libre à certaines organisations prétendument caritatives et financées de manière opaque, d’occuper le terrain pour servir les intérêts idéologiques de leurs bailleurs de fonds. Dans la Déclaration de Tokyo  de décembre 2017, l’OMS  et la Banque Mondiale ont affirmé que la CSU est techniquement et financièrement réalisable. Elle produit des rendements élevés tout au long de la vie et favorise l'emploi et la croissance économique inclusive. Elle n’est plus présentée uniquement comme un centre de coût occasionnant des pertes financières importantes.
L’OMS préconise la généralisation du tiers payant  et de limiter les dépenses des ménages (contre 63,3% actuellement).Sans la CSU, des centaines de milliers de personnes risquent de perdre la possibilité de mener une vie pleine et productive, et  de s'appauvrir en cas de maladie chronique.
La généralisation de la CSU  peut améliorer le pouvoir d'achat, sans entraîner la hausse du SMIG (élément important pour les investisseurs étrangers) ou de la pression fiscale directe. Ainsi, doubler, à court terme, la part de l'État dans la santé (25% lors de l'actuelle décennie)  peut contribuer à la baisse des dépenses des ménages. Des financements innovants des systèmes santé sont préconisés par l’OMS, selon le principe « pollueur-payeur ». Une partie des prélèvements indirects sur la consommation des produits nocifs à la santé : tabac, sucre, sodas, diesel, téléphone mobile, alcool, produits chimiques, plastiques, etc. serait ainsi affectée au financement de la santé.

Un simple  travail législatif pourrait améliorer, dans un premier temps, l’efficience du système qui se déploie dans un certain désordre institutionnel et de gouvernance comme c’est le cas entre la quarantaine d’organismes assurant la couverture de base en l’absence de tout contrôle efficace. L’instauration d’un régime unique finançant un système  national de santé (comme chez notre voisin espagnol dont  la Constitution de 1978 affirme que "L'Espagne se constitue en un État de droit, social et démocratique" et consacre de nombreux articles aux droits sociaux) devrait assurer un  panier de soins minimal contre un certain nombre de risques tels que la maladie, la maternité, les accidents, les soins préventifs, la vaccination, les maladies chroniques prises en charge à 100%, etc.  L’institution de la  notion du médecin de famille, la politique du médicament et le parcours coordonné des soins compléteraient  le dispositif.
Par ailleurs, les orientations  de la Banque Mondiale et du FMI restreignant le rôle de l’Etat aux fonctions régaliennes (Défense, Sécurité, Justice, infrastructures, etc.) et laissant tous les autres domaines à l’initiative privée,  ont  démontré leurs limites particulièrement dans les domaines de la santé et de l’éducation. Dans les faits, aucun Etat européen  ne favorise le libéralisme absolu. En matière de santé, le secteur privé a toujours une activité réduite par rapport au secteur public et l’Etat assume efficacement son rôle de régulateur et de gestionnaire des fonds collectés. La carte sanitaire vise la maîtrise de l’offre des soins y compris privée pour ne pas provoquer les surconsommations d’actes et de produits et  d’aggraver les déficits publics. Les régions déshéritées du Maroc, dont la  population est insolvable, ne peuvent  pas attendre indéfiniment que l’initiative privée s’y intéresse un jour.

C/C
Très peu de pays émergents à faible revenu, peuvent présenter des réalisations comme celles du Maroc, en matière d’infrastructures, d’industrialisation en un temps record, d’intégration à la mondialisation, d’écologie, de coopération Sud-Sud, de maintien des indicateurs macroéconomiques et de stabilité monétaire dans un environnement national, régional et mondial aussi instable. Émettons le vœu qu’un plan social corrigera à moyen terme les inégalités sociales reconnues par tous. 


Voir l'article sur  《La Couverture Sanitaire Universelle au Maroc》
https://maroc-diplomatique.net/saad-taoujni-cette-situation-provisoire-dure-depuis-17-ans/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire