AMO :
Des millions de démunis exclus d’AMO-TADAMON
8% des non-salariés ont les droits ouverts et non pas 70%
Sur les
quatre branches de protection sociale retenues par le Maroc, seul le chantier l’assurance
maladie obligatoire (AMO) a démarré avec de très nombreuses difficultés, dont la
principale a trait au manque alarmant de ressources humaines et à la mauvaise
répartition de l’offre de soins. En général, les choses évoluent mais très
lentement. Ainsi, la réforme des caisses de retraite attend depuis 1990, celle
de l’indemnité dérisoire pour perte d’emploi depuis plusieurs années et le
Budget de 2023 n’a rien prévu pour les allocations et les aides familiales,
censées démarrer cette année.
S’agissant
de l’AMO, nous ne disposons pas de données fiables. Le Chef du Gouvernement a
affirmé, le 24 octobre 2022, devant
le Parlement (Grand oral) que le taux de couverture médicale des Marocains
allait passer de 42% à 100%. Atteindre, en moins de deux mois, les 100% de
couverture médicale ferait rêver les pays les plus avancés dans ce domaine. Or,
dès avril 2023, l’Agence Nationale d’Assurance Maladie (ANAM) le
régulateur de l’AMO, a annoncé que la couverture est de 74 %, exactement
le même taux qu’à la fin de 2021. En vérité, le taux réel ne dépasserait pas
50%.Il s’agit
d’une quatrième catégorie non prévue dans le discours du Trône de 2020. Ils sont près de 4,6 millions et ils vont
poser à la CNSS les mêmes problèmes que ceux évoqués ci-dessus pour les TNS
avec les organismes de liaison. La CNSS n’a pas les moyens d’assurer cette
nouvelle mission.
Le nombre
d’exclus d’AMO Tadamon par le RSU, ne cesse de croître. Il ne fait l’objet
d’aucune communication officielle. Combien sont-ils ? Deux ou trois millions ? Mais si l’on
considère les données fournies par le CESE en 2019, indiquant que les éligibles
au RAMED étaient 15 millions, le nombre réel des exclus dépasserait largement
les 7 millions. Si, en plus on prend en compte la
paupérisation consécutive à la crise Covid, le nombre d’exclus dépasserait
vraisemblablement les 10 millions.
D’autres
catégories attendent la régularisation de leur adhésion à l’AMO comme les
travailleurs du secteur informel et les « aides » familiaux (appelés
ainsi par le HCP). Comment peut-on prétendre atteindre les 100% dans ces
conditions ?
En
définitive, cette catégorisation / fragmentation, où le Gouvernement
fait cavalier seul, a créé un système complexe d’AMO avec une infinité de
lois cadres, de lois, de décrets et d’arrêtés où il est difficile de se retrouver.
Le passage d’une catégorie à une autre est très difficile. La fermeture des
droits et l’arrêt des soins sont fréquents. Une Couverture Sanitaire
Universelle financée pour les 2/3 des démunis, par l’Impôt, les monopoles et
des financements innovants aurait été plus judicieuse.
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